Commerce intra-africain : un record historique de 208 milliards USD en 2024
Le commerce intra-africain poursuit son ascension. En 2024, les échanges entre pays du continent ont atteint 208 milliards de dollars, soit une hausse de 7,7% par rapport à 2023, selon le rapport d’Afreximbank publié en mars 2025. Cette progression spectaculaire reflète les premiers effets tangibles de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), véritable catalyseur de l’intégration économique régionale.
L’Afrique australe s’impose comme le principal moteur de cette dynamique, avec 58,1 milliards USD d’échanges intra-régionaux, suivie de l’Afrique de l’Ouest (52,8 milliards), l’Afrique de l’Est (46,8 milliards), l’Afrique du Nord (31 milliards) et l’Afrique centrale (19,4 milliards).
ZLECAf : moteur de transformation économique
La ZLECAf et les politiques industrielles régionales coordonnées sont aujourd’hui les deux leviers majeurs de l’intégration africaine. En facilitant la libéralisation du commerce et la création de chaînes de valeur régionales, elles renforcent la compétitivité, stimulent l’industrialisation, l’emploi et l’investissement, tout en contribuant à la réduction de la pauvreté.
« Le point de départ doit être la suppression des barrières qui freinent ou empêchent la mise en place de chaînes de valeur efficaces à travers le continent », souligne Wamkele Mene, secrétaire général de la ZLECAf. « Nous travaillons étroitement avec les institutions financières africaines, notamment la Banque africaine, pour relever les défis liés au financement du commerce et des infrastructures ».
Les infrastructures, clé d’un commerce fluide
L’expérience des dernières années l’a montré : sans infrastructures adaptées, pas de commerce durable. Depuis le lancement de la ZLECAf, l’amélioration des infrastructures logistiques et de transport est devenue un enjeu central. Routes, ports, corridors ferroviaires et plateformes numériques doivent désormais soutenir la montée en puissance des échanges continentaux.
De la dépendance extractive à la valeur ajoutée
L’Afrique aspire à rompre avec la dépendance aux matières premières. Le secteur manufacturier, qui ne représente encore que 13% du PIB en 2023, pourrait grimper à 16% d’ici à 2043, ajoutant jusqu’à 168 milliards USD à l’économie du continent grâce à des politiques industrielles ciblées.
« Partout en Afrique, on trouve des produits agricoles américains ou européens. La vraie question est : qu’est-ce que nous ne faisons pas encore bien en matière de transformation agroalimentaire ? », s’interroge Tsotetsi Makong, directeur de la coordination et des programmes à la ZLECAf.
Vers une Afrique compétitive et résiliente
L’exemple du succès de la chaîne de valeur africaine pour la production de vaccins post-Covid prouve que la coopération continentale fonctionne. En réduisant les barrières tarifaires et non tarifaires, en investissant dans les infrastructures et en développant des industries à forte valeur ajoutée, l’Afrique pose les fondations d’une croissance inclusive et durable.
Mais la route reste semée d’embûches : coûts de transport élevés, restrictions commerciales persistantes, vulnérabilité aux chocs externes. Pour renforcer la résilience du commerce intra-africain, l’industrialisation et la diversification économique ne sont plus des options, mais des impératifs.
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