L’Espérance de Tunis, qui a remporté le doublé Championnat et Coupe de Tunisie et laissé une bonne impression lors de la dernière Coupe du monde des clubs Fifa, aux Etats-Unis, va jouer son second match amical de préparation pour le démarrage de la nouvelle saison, le 27 juillet courant, face au club égyptien d’Al Masry, qui se prépare à Ain Draham, au nord-ouest de la Tunisie.
Lors de son premier match de préparation, vendredi 18 juillet, dans son fief du Parc Hassène Belkhodja, à Tunis, l’Espérance a battu l’Avenir de la Marsa par 2-0, buts marqués par deux arrières latéraux Raed Bouchniba et Nidhal Elaifi sur des assists du joueur suédois d’origine tunisienne Elyas Bouzaiene, recruté la saison précédente mais qui n’a pas beaucoup joué.
Lors de ce match joué en trois périodes de 30 minutes chacune, le coach Maher Kanzari a effectué une large revue d’effectif en faisant jouer beaucoup de jeunes issus du centre de formation et de nouvelles recrues.
Le rythme n’y est pas encore, ni les automatismes, l’équipe étant encore en rodage, mais le staff technique a enregistré quelques satisfactions, côté joueurs et jeu varié et en mouvement.
Les «Sang et Or» joueront leur premier match du championnat 2025-2026, le 9 août prochain, en déplacement face à l’Avenir sportif de Gabès. D’ici là, l’équipe sera mieux stabilisée.
La date de la prochaine rentrée universitaire a été fixée au 12 septembre 2025 dans l’ensemble des établissements relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ainsi que ceux placés sous double tutelle.
Toutefois, certains établissements débuteront les cours le 2 septembre. Il s’agit des instituts préparatoires aux études d’ingénieur, des écoles et des instituts de formation en ingénierie, de l’École nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis, des facultés de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie, de l’École nationale de médecine vétérinaire de Sidi Thabet ainsi que des instituts supérieurs des études technologiques.
C’est ce qu’a annoncé la tutelle dans une circulaire adressée aux directeurs et doyens des établissements d’enseignement supérieur publics et privés portant sur le calendrier de l’année universitaire 2025-2026.
L’année universitaire comprendra au minimum 28 semaines de cours, sans compter les congés et les périodes d’examens, sauf pour certaines filières soumises à des textes spécifiques, explique la circulaire, ajoutant que les enseignants universitaires restent mobilisés tout au long de cette période, afin d’assurer l’évaluation des résultats de fin d’année, le bon déroulement des examens, des concours ainsi que les opérations de correction.
Le calendrier comprend, également, les périodes de congé, en plus des fêtes nationales et religieuses.
Les vacances d’hiver sont ainsi fixées du 20 décembre 2025 au 4 janvier 2026 inclus, tandis que celles de printemps sont prévues du 14 au 29 mars 2026 inclus.
Le taux de remplissage des barrages tunisiens est de 35,6% le 18 juillet 2025, a annoncé l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri), samedi 19 juillet 2025. Ce taux était de 38,1% le 27 juin dernier, soit une baisse 2,5% en trois semaines.
Selon la même source, les réserves d’eau dans les barrages s’élèvent à 842,825 millions de m3, le 18 juillet, contre 902 millions de m3 le 27 juin, soit une baisse de 59,1 millions de m3 en une vingtaine de jours.
En peine canicule de l’été, marquée par une grande consommation de la ressource, le risque de voir les réserves d’eau s’épuiser rapidement est réel.
C’est au gouvernement de trouver des solutions alternatives et aux citoyens de rationaliser leur consommation, sachant que la sécheresse due au changement climatique persiste et que les eaux d’écoulement dans notre pays continuent de baisser en raison de la construction, en amont, de nombreux barrages dans l’Algérie voisine.
Par ailleurs, l’Algérie, qui cherche à développer son agriculture dans les zones sahariennes, est en train de pomper énormément dans le Système aquifère du Sahara septentrional (Sass), une ressource non renouvelable partagée entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye.
Le nouveau siège du Centre des sciences et techniques du patrimoine (CSTP), à la Médina de Tunis, a été inauguré, vendredi 18 juillet 2025, par Tarek Baccouche, directeur général de l’Institut national du patrimoine (INP), dans un ancien mausolée au quartier de Halfaouine, la zaouia de Sidi Ali Chiha, créée entre 1852 et 1857 sous le règne des beys husseinites.
L’édifice fait partie des nombreux monuments islamiques récemment restaurés ou en cours de restauration à la Médina de Tunis classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979.
Dans un communiqué publié vendredi soir, le ministère des Affaires Culturelles a annoncé que l’inauguration du CSTP s’inscrit dans le cadre du programme de restauration, de réaménagement et de réhabilitation des monuments historiques.
Le CSTP accueillera des ateliers de formation théorique et pratique dans divers métiers et techniques du patrimoine. L’objectif est de permettre aux artisans de se doter des compétences nécessaires pour préserver et développer les métiers traditionnels menacés de disparition, a indiqué le ministère.
Parmi les spécialités qui seront enseignées au CSTP, on citera la gravure sur stuc (gravure sur métal), la gravure sur bois, la décoration en bois, la mosaïque, la sculpture sur marbre, le polissage, l’ingénierie de pierre ainsi que la restauration et le réaménagement des monuments historiques.
Des sessions de formation seront également organisées par l’INP au profit de ses cadres et l’ensemble du personnel travaillant dans le domaine du patrimoine, précise-t-on aussi.
La formation des cadres dans le domaine des sciences et des techniques du patrimoine et la réalisation des programmes et des projets pilotes dans ces domaines sont les principales missions du CSTP.
Créé il y a plus de 30 ans, en vertu du décret n° 94-2367 du 18 novembre 1994, le CSTP est un établissement relevant de l’INP. Il est composé d’un service pour la formation des cadres et un autre pour les programmes et projets pilotes.
Pour Mohamed Garfi, il n’y aura pas un avant et un après-Carthage, car la réconciliation avec le grand public, dont ont rêvé ses admirateurs, n’a pas eu lieu. Et ses choix artistiques y sont pour beaucoup. Car il s’est toujours méfié des mondanités, des lumières de la rampe et des succès sans lendemain. Et ce n’est pas à 77 ans, dont un demi-siècle de scène, qu’il va remettre en question les choix de toute une vie.
Latif Belhedi
L’hommage était quelque peu tardif, mais le maestro Mohamed Garfi, musicien-compositeur et chef d’orchestre, exigeant dans ses choix, rigoureux dans sa démarche et souvent incompris pour ses parti-pris artistiques et idéologiques, méritait amplement d’assurer l’ouverture de la 59e édition du Festival international de Carthage, hier, samedi 19 juillet 2025. Sauf que l’annonce s’est révélée plus alléchante que le produit final présenté au public.
Du fond de la jarre
Entouré d’une pléiade d’artistes, Garfi a renoué avec le public du théâtre romain de la cité antique avec un spectacle baptisé ‘‘Men kaa el khabia’’, une expression tunisienne que l’on peut traduire par «du fond de la jarre» et qui exprime l’authenticité et l’enracinement.
Il n’y avait certes pas un grand public, car même les mélomanes ont raté ce rendez-vous avec la musique savante et symphonique arabe, mais Garfi n’a jamais été un musicien populaire, célèbre oui, mais pas populaire, car il a toujours refusé de sacrifier aux modes passagères et aux tendances du jour. Son répertoire n’est pas connu du grand public car il a rarement l’honneur des radios et des télévisions, mais les connaisseurs savent que ce répertoire ne manque pas de pépites méritant d’être actualisées et remises au goût du jour, sans concession mais avec juste la conviction que l’on peut faire de la musique sans tapage, une musique issue du cœur et de l’âme et qui parle aux cœurs et aux âmes, celle des grands maîtres de toujours, les sources inépuisables.
‘‘Men kaa el khabia’’ est un spectacle qui retrace des étapes majeures du répertoire musical tunisien. Il revisite les œuvres de compositeurs et de poètes ayant enrichi la scène nationale tout au long du XXe siècle, à travers un arrangement orchestral interprété par l’Orchestre symphonique tunisien (OST), sous la direction du maestro Garfi, avec la participation du Chœur de l’Opéra de Tunis (COT) et de la Troupe nationale des arts populaires (TNAP).
Les chanteurs Hamza Fadhlaoui, Chokri Omar Hannachi, Maherzia Touil, Chedli Hajji, invité d’honneur, ont été conviés à interpréter des chefs-d’œuvre de Khemaies Tarnane, Mohamed Triki, Mohamed Jamoussi, Ali Riahi, Hédi Jouini et autres Kaddour Srarfi, le père de l’actuelle ministre des Affaires culturelles, musicienne elle aussi, Amina Srarfi.
Le comédien et acteur Jamel Madani a interprété, pour sa part, un cocktail de chansons humoristiques tunisiennes du pionnier Salah Khemissi, voix emblématique de la Tunisie des années 30 et 40.
Une soirée nostalgie
Ce fut une soirée nostalgie, mais pas seulement, car Garfi ne s’est pas contenté de concocter un programme de pots-pourris et de vieux succès surannés, il s’est aussi employé à les faire revivre grâce à un savant travail orchestral dont il a le secret.
Le spectacle a démarré avec ‘‘Le Salut Beylical’’, l’ancien hymne national de 1846 à 1957, dont la composition est attribuée au célèbre compositeur italien Guiseppe Verdi, sachant que le musicologue et historien Salah El-Mehdi a toujours soutenu qu’il s’agissait d’une œuvre tunisienne dans sa conception et dans son âme. La balade musicale s’est poursuivie avec l’interprétation d’œuvres immortelles de poètes, compositeurs et interprètes disparus comme Saliha, Hedi Jouini et Mohamed Jammoussi.
Si l’on en juge par la réaction mitigée voire distante et quelque peu froide du public, qui n’a pas vraiment interagi avec les artistes qui se sont succédé sur scène, comme il a l’habitude de le faire, on peut dire que ce spectacle, malgré sa haute teneur musicale et artistique, n’ajoutera pas à la «popularité» de Garfi qui, pendant toute sa carrière, est demeuré incompris, marginal, cultivant une singularité intransigeante peu propice aux effusions du succès.
Une ouverture terne et fade
Pour le musicien et chef d’orchestre, qui a des centaines de compositions à son actif, dont peu sont vraiment connues, il n’y aura pas un avant et un après-Carthage, car la réconciliation avec le grand public, dont ont rêvé ses admirateurs, n’a pas eu lieu. Et les choix artistiques de Garfi y sont pour beaucoup. Car il s’est toujours méfié des mondanités, des lumières de la rampe et des succès sans lendemain. Et ce n’est pas à 77 ans, dont un demi-siècle de scène, qu’il va remettre en question les choix de toute une vie. Un artiste «contre vent et marée», comme il s’est qualifié lui-même lors de la conférence de presse du festival.
En ce qui concerne le Festival de Carthage, après le fiasco de l’annulation du concert d’Hélène Ségara dans les conditions que l’on sait, cette ouverture terne et fade n’augure rien de bon pour la suite. Attendons la suite…
Au cours de la première journée du championnat de Ligue 1 de football pour la saison sportive 2025-2026, prévue pour les 9 et 10 août 2025, le champion sortant, l’Espérance sportive de Tunis, fera son premier déplacement pour affronter l’Avenir sportif de Gabès.(Ph. Après un nouveau doublé et une participation fort remarquée à la Coupe du monde des clubs Fifa, aux Etats-Unis, l’Espérance remet son titre en jeu).
Les autres matches de cette première journée, selon le tirage au sort du calendrier du championnat qui a eu lieu samedi 19 juillet au siège de la Fédération tunisienne de football (FTF), se présentent comme suit :
– US Monastir – Stade Tunisien ;
– Club Africain – AS de La Marsa ;
– US Ben Guerdane – O. Béja ;
– ES Métlaoui – CA Bizertin ;
– JS Kairouanaise – AS Soliman ;
– CS Sfaxien – ES Zarzis ;
– JS Omrane – ES Sahel.
La deuxième journée verra deux affiches: Espérance de Tunis – US Monastir et ES Sahel – Club Africain.
Autres affiches notables du calendrier :
5e journée : Club Africain – CS Sfaxien ;
9e journée : Espérance de Tunis – Étoile du Sahel ;
Né en 1871 à Sète, de père corse et d’une mère italienne, Paul Valery est poète, écrivain et philosophe. Membre de l’Académie française et Professeur au Collège de France. (Ph. Paul Valéry / Cimetière de Sète).
En 1917, à cinquante six ans, il publie La Jeune Parque, texte qui fait sa renommée et l’installe rapidement comme un intellectuel qui compte. Il mène une vie littéraire où s’entremêlent, création poétique, conférences, essais, réflexions théoriques dont l’exigence est notoire.
Symboliste, resté fidèle à Mallarmé, sa poésie est marquée peu à peu par l’éloge de l’esprit, non sans attaches métaphysiques. Il décède en 1945. Le musée de Sète porte aujourd’hui son nom.
La guerre acharnée menée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour se maintenir au pouvoir, tout en se protégeant des ennuis judiciaires, se propage à travers le Moyen-Orient, de Gaza à la Syrie, en passant par le Liban, le Yémen et l’Iran, suscitant condamnations et critiques du monde entier. Et obligeant son «ami» et «obligé» Donald Trump et les envoyés spéciaux de ce dernier à travailler d’arrache-pied pour tenter de contenir l’escalade et l’élargissement des conflits qu’il provoque.
Si les attaques contre l’Église catholique à Gaza semblent avoir sorti certains gouvernements européens de leur torpeur face au massacre en cours dans la bande de Gaza – un tribunal belge suspend l’envoi d’armes à Israël, la Slovénie interdit l’entrée sur son territoire à des ministres d’extrême droite israéliens –, les raids aériens israéliens sur des centres de pouvoir militaire à Damas ont valu à Netanyahu des réprimandes de la part de la Russie, de la Chine et des Émirats arabes unis – tous des pays ayant des liens plus ou moins étroits avec l’État hébreu.
Netanyahu attaque ses voisins
Le président syrien Ahmed Al-Charaa, arrivé au pouvoir en décembre dernier après avoir longtemps dirigé une milice issue d’Al-Qaïda, a accusé Israël de «semer la discorde» dans la région et de «provoquer la tension et le chaos». Charaa lui-même, récemment déclassifié comme «terroriste» par les États-Unis, est en contact avec Netanyahu par l’intermédiaire de Washington.
La Maison Blanche souhaite amener les deux parties à conclure un accord de normalisation, ce qui serait sans précédent compte tenu de l’état de belligérance qui existe entre les deux pays depuis leur indépendance officielle il y a près de 80 ans.
Israël occupe le plateau du Golan syrien depuis 1967 et l’a annexé en 1981, une décision qui n’a été reconnue jusqu’à présent que par le premier mandat de Trump en 2019. Même les envoyés spéciaux américains au Moyen-Orient, de Steve Witkoff à Thomas Barack, ont peiné à contenir la fureur militaire israélienne en Syrie. Pourtant, le Premier ministre israélien, qui avait déjà donné l’ordre de bombarder Damas au printemps 2024 (attaque contre le consulat iranien), a réitéré son intention de poursuivre sa stratégie.
Concernant la Syrie, où l’armée israélienne occupe le territoire entre le plateau du Golan et Damas depuis huit mois, il hausse la barre : «Nous continuerons d’utiliser des moyens militaires pour faire respecter nos lignes rouges : démilitariser la zone au sud de Damas, du plateau du Golan aux montagnes druzes, et protéger les frères de nos frères, les Druzes», a déclaré le Premier ministre israélien, faisant référence à la communauté druze de plus en plus influente en Galilée, en Israël. Les Druzes de Galilée servent dans l’armée israélienne, et certains officiers supérieurs druzes sont en première ligne en Syrie.
La guerre de Netanyahu se poursuit au Liban voisin, où Israël a également mené des frappes aériennes contre des installations du Hezbollah dans le sud. Ces derniers jours, une famille syrienne entière, non liée au Hezbollah, a été tuée, ainsi que trois Libanais, dans un bombardement israélien dans l’est de la vallée de la Bekaa, à la frontière avec la Syrie.
Ces attaques se poursuivent malgré l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hezbollah par l’intermédiaire du gouvernement de Beyrouth en novembre dernier, et malgré l’existence d’un «mécanisme de désescalade» officiellement présidé au Liban par de hauts responsables américains et français.
Les militants du Parti destourien libre (PDL) ont observé ce matin, samedi 19 juillet 2025, un sit-in de protestation devant la représentation des Nations Unies à Tunis, au quartier des Berges du Lac, pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un harcèlement judiciaire de la présidente de leur parti, Me Abir Moussi, incarcérée depuis le 3 octobre 2023 et poursuivie dans plusieurs affaires et pour des accusations pouvant lui coûter la peine de mort.
Les manifestants ont dénoncé les mauvaises conditions de détention de Mme Moussi, qui a été transférée de la prison de Manouba (Tunis), à celle de Belli (Nabeul) puis, dernièrement, à celle de Bulla Regia (Jendouba).
Ils ont aussi souligné la détérioration de l’état de santé de leur leader en raison de ces conditions de détention, qualifiées de déplorables et d’inhumaines. Et appelé les autorités judiciaires à respecter le droit de Mme Moussi à un procès équitable où la voix de la défense est entendue et prise en considération.
Les partisans de Mme Moussi ont passé en revue ce qu’ils considèrent comme des entorses aux lois tunisiennes dans les procès intentés à leur cheffe, estimant que les accusations portées contre elle ne sont pas étayées par des preuves matérielles et qu’elle est en train de subir un harcèlement judiciaire visant à l’empêcher de jouir de ses droits politiques et civiques, notamment celui de se présenter aux suffrages de ses compatriotes.
En manifestant devant le siège de l’organisation onusienne à Tunis, les partisans du PDL cherchent clairement à donner une dimension internationale à leur combat pour la libération de leur leader.
Un ingénieux système de gestion de l’eau a été découvert dans l’ancienne cité romaine de Thuburbo Maius, au nord de la Tunisie, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Tunis, par une mission archéologique italo-tunisienne impliquant l’Université de Bologne, l’Institut national du patrimoine (INP) et l’Université de la Manouba, en Tunisie.
Le Département d’histoire, des cultures et des civilisations de l’Université de Bologne rapporte que la découverte a été faite dans la Maison de Nicentius, l’une des résidences les plus importantes et jusqu’à présent les moins étudiées de l’ancienne cité romaine.
Le projet, intitulé «Thuburbo Maius, ville et territoire», est soutenu par le ministère italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et Alma Scavi, indique le site web dudit Département. «Des étudiants italiens et tunisiens collaborent, aux côtés de chercheurs et de techniciens, à la documentation, à l’étude et au relevé de cette vaste zone archéologique. Nichée dans l’une des régions les plus fertiles du nord de la Tunisie, la cité antique de Thuburbo Maius s’étendait sur environ 40 hectares et présente encore aujourd’hui les vestiges bien préservés d’un tissu urbain remarquable, comprenant un vaste réseau de citernes, de puits et de canaux», précise le communiqué.
«Thuburbo Maius a connu son apogée entre le IIe et le IIIe siècle. La ville occupait en effet une position stratégique qui en faisait un carrefour très important pour les routes commerciales de la région», explique Antonella Coralini, professeure à l’Université de Bologne, qui coordonne la mission archéologique avec ses collègues Hamden Ben Romdhane et Lamia Ben Abid.
Les premières fouilles archéologiques remontent au début du XXe siècle et se sont poursuivies dans les années 1970 et 1990. Cependant, de nombreuses zones restent à découvrir et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour étudier les découvertes réalisées à ce jour. C’est précisément grâce au réexamen de fouilles plus anciennes que le système de gestion des eaux de la Maison de Nicentius a été mis au jour.
«La gestion de l’eau jouait un rôle central à Thuburbo Maius, comme en témoigne le dense réseau de canaux et de bains publics, avec citernes, puits et grands complexes thermaux», ajoute le professeur Coralini. Et d’ajouter : «Tous ces éléments témoignent des capacités technologiques avancées des Romains de l’Antiquité, qui avaient probablement déjà connu les mêmes problèmes de pénurie d’eau que ceux que nous connaissons encore aujourd’hui dans cette région.»
Au cours de la même campagne de fouilles, l’équipe italo-tunisienne a également exploré et étudié des parties du site situées hors des portes de la ville.
Cet engagement continu en faveur de la conservation et de la mise en valeur de ce vaste et extraordinaire patrimoine reprendra cet automne avec une nouvelle campagne de fouilles, axée une fois de plus sur le cycle de l’eau et la végétation urbaine.
La Tunisie et l’Union européenne (UE) viennent de célébrer le 30e anniversaire de leur Accord d’association, signé le 17 juillet 1995 et considéré comme une pierre angulaire du partenariat euro-méditerranéen. Cet anniversaire aurait dû donner lieu, côté tunisien, à une évaluation objective des retombées dudit accord d’association sur l’économie du pays, en crise depuis le milieu des années 2000, et qui a de plus en plus mal à se relancer malgré l’importance des financements extérieurs, européens et autres, dont le principal impact jusque-là est d’avoir aggravé son endettement extérieur et sa dépendance vis-à-vis de ses bailleurs de fonds étrangers. Cette évaluation tarde malheureusement à être faite, et c’est la vision de l’UE et ses intérêts qui continuent de prévaloir dans cette relation très déséquilibrée.
Imed Bahri
Le 30e anniversaire de l’accord d’association entre la Tunisie et l’UE intervient dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, dans un monde marqué par la crise du multilatéralisme, la remise en cause des droits fondamentaux et la pression de défis mondiaux tels que le changement climatique et les flux migratoires, indique le service de presse et d’information de la délégation de l’UE en Tunisie.
Le communiqué rappelle que, premier du genre au Maghreb, l’Accord d’association UE-Tunisie a offert, au fil des ans, un cadre privilégié pour renforcer le dialogue politique et promouvoir une coopération multisectorielle, fondée sur des valeurs communes : le développement durable, la solidarité et la prospérité mutuelle. En trois décennies, le partenariat s’est intensifié et élargi à des domaines clés, de la politique à l’économie, de la science à la culture, générant des résultats concrets pour les citoyens, les institutions et les entreprises des deux rives de la Méditerranée.
Une trop grande dépendance
Selon les données officielles publiées par la délégation de l’UE en Tunisie, l’UE est le premier partenaire commercial de notre pays, absorbant 70 % de nos exportations. L’Union est également notre premier investisseur étranger : 88% du total des IDE proviennent des pays européens, tout comme 47% de leur valeur totale. Les entreprises européennes génèrent également 90% des emplois liés aux investissements étrangers en Tunisie.
L’accord a favorisé l’intégration de la Tunisie dans les chaînes de valeur industrielles européennes, notamment dans les secteurs du textile, de l’agroalimentaire et des composants automobiles, grâce à l’exonération progressive des droits de douane.
Du protocole d’accord signé en 2023 à l’élaboration actuelle d’un «Pacte pour la Méditerranée», l’UE et la Tunisie ambitionnent désormais de renforcer davantage leur partenariat et d’en faire un pilier de la stabilité régionale.
Les priorités stratégiques incluent la gestion coordonnée des migrations, la transition écologique et énergétique, l’innovation technologique, la formation professionnelle, l’inclusion des jeunes et des femmes, la sécurité alimentaire et le soutien aux PME.
Le programme Erasmus+ a également permis à des milliers d’étudiants et de chercheurs tunisiens de se former en Europe, tandis que les fonds européens ont contribué à la rénovation d’écoles, d’hôpitaux et d’infrastructures locales, ainsi qu’au soutien de projets en faveur de l’égalité des sexes, de l’emploi des jeunes et de la numérisation.
La société civile tunisienne, soulignent des sources européennes, a joué un rôle clé dans ce processus, contribuant au renforcement démocratique du pays, notamment après 2011.
«À l’occasion de ce trentième anniversaire, les deux partenaires souhaitent revitaliser leurs relations. Le dialogue stratégique engagé ces dernières années porte sur les défis communs d’avenir : le changement climatique, la gestion humaine et inclusive des flux migratoires, l’innovation technologique, la formation et la sécurité alimentaire», écrit l’UE. Qui poursuit : «La célébration de cet anniversaire nous invite à réfléchir aux opportunités d’approfondir notre partenariat, fondé sur le respect mutuel, l’adhésion à des valeurs fondamentales partagées et une meilleure prise en compte des intérêts de toutes les parties, notamment le soutien aux jeunes, l’inclusion des femmes, la gestion collaborative des migrations, les réformes économiques, les PME et le développement territorial.»
Au cours du premier semestre 2025, conférences, expositions, publications et projets culturels ont déjà mis en lumière les réalisations de ce partenariat unique, tout en initiant un dialogue inclusif sur son avenir.
La Journée de l’Europe, célébrée le 9 mai, a marqué un point d’orgue, avec des événements dans différentes régions de Tunisie. «Trente ans après sa signature, l’accord d’association UE-Tunisie demeure un pilier essentiel du partenariat euro-méditerranéen. Il a contribué à construire des ponts solides entre les peuples, les institutions et les économies. Mais au-delà des réalisations, il est désormais temps de se tourner vers l’avenir. Les prochaines décennies doivent être l’occasion de se projeter vers l’avenir, avec la volonté commune de relever ensemble les défis du XXIe siècle », conclut le communiqué.
L’autre face de la médaille
Il n’en reste pas moins que, vu de Tunis, le partenariat avec Bruxelles reste très déséquilibré et le principal intérêt de l’UE dans notre pays demeure la gestion des flux migratoires. Dans ce contexte, les Européens, sous l’impulsion de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, ont réussi à entraîner notre pays dans une politique qui est en train de le transformer d’une zone de transit à une zone d’installation des migrants subsahariens empêchés de partir vers l’Europe.
Outre la coopération sécuritaire très avancée, les Européens ont désormais un autre grand axe d’intérêt en Tunisie : le développement d’une coopération énergétique fondée sur la production d’énergies renouvelables et d’hydrogène vert, dont on connaît l’impact destructeur sur l’environnement.
Autre sujet de préoccupation à Tunis : le partenariat privilégié avec l’UE est en passe de devenir problématique pour la Tunisie, trop dépendante d’un ensemble actuellement en régression et qui est traversé par des contradictions et des divisions croissantes. La crise économique en Europe provoquée par la guerre russo-ukrainienne où les Européens sont fortement engagés se répercute très négativement sur l’économie tunisienne, elle-même en crise depuis 2011.
Pour sa part, la société civile tunisienne reproche à l’UE l’oubli de ce qu’elle appelle ses «valeurs», dès qu’il s’agit de défendre ses intérêts, aux dépens des droits des peuples partenaires. Et dans ce contexte, la «blague» des «valeurs partagées» dont se gargarisent les diplomates européens n’amuse plus personne au sud de la Méditerranée où l’Europe suscite moins de désir que de répulsion.
Quant à la complicité européenne – et le mot n’est pas fort – avec les crimes de guerre israéliens au Moyen-Orient, elle choque désormais les plus europhiles parmi les Tunisiens. Et cela nos amis européens devraient le sentir dans leurs relations avec leurs partenaires locaux. Et si la Tunisie cherche aujourd’hui à développer ses relations avec la Chine et, à un degré moindre, la Russie, c’est parce qu’elle sent que son tête-à-tête avec l’Europe est devenu harassant et intenable à moyen et long terme.
Italcar, distributeur officiel de Fiat en Tunisie, a récemment livré la première Nouvelle 500e au showroom des Berges du Lac à Tunis, en présence de représentants de la marque et du premier acheteur, marquant ainsi l’entrée officielle du modèle sur le marché local. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’électrification engagée par le pays et le constructeur italien, visant à réduire les émissions et à promouvoir l’achat de véhicules «zéro échappement».
La citadine, icône du design italien, a été livrée lors d’une cérémonie, organisée le 1er juillet 2025, au cours de laquelle la direction d’Italcar a réaffirmé son engagement à démocratiser la voiture électrique à travers un réseau de 20 agences en Tunisie. Cette livraison fait suite à d’autres livraisons de l’entreprise, comme les 233 unités médicales Fiat livrées au ministère de la Santé le mois dernier.
Produite à Mirafiori, la version 500e 42 kWh est équipée d’un moteur de 117 ch et garantit jusqu’à 320 km d’autonomie WLTP, avec une charge rapide de 85 kW permettant de parcourir 50 km en cinq minutes. Outre la conduite assistée de niveau 2, elle est équipée du système d’infodivertissement Uconnect 10″ avec Apple CarPlay et Android Auto sans fil.
La Tunisie a mis en place un dispositif incitatif pour 2024, réduisant la TVA sur les véhicules électriques de 19% à 7% et réduisant de moitié les taxes d’immatriculation et de circulation.
En février, l’Agence nationale de l’énergie (ANME) a confirmé une stratégie prévoyant 5 000 véhicules électriques et 60 bornes de recharge publiques d’ici 2026.
Malgré ces mesures, les ventes de véhicules électriques progressent lentement : au premier trimestre 2025, le marché des véhicules électriques n’a progressé que de 1,9%, soit le plus bas taux d’Afrique du Nord.
Contrer la concurrence des marques chinoises
Le groupe Stellantis, via Italcar, souhaite exploiter la notoriété de la marque Fiat pour concurrencer les marques chinoises déjà présentes en Méditerranée et qui gagnent des parts de marché en Tunisie aux dépens de leurs homologues européennes, japonaises et sud-coréennes.
L’arrivée de la 500e est présentée comme une «étape symbolique vers une mobilité plus verte», un concept repris dans plusieurs publications spécialisées tunisiennes et internationales.
Selon le dossier de presse de Stellantis, la gamme 500e 2025 comprend des versions spéciales (Red, Inspired by Beauty/Los Angeles, Giorgio Armani) qui pourraient être progressivement introduites également sur le marché du Maghreb.
Avec la première livraison de la 500e, Fiat ouvre la voie à l’électrification du segment A en Tunisie, un marché de niche qui devrait croître grâce aux incitations fiscales et au développement du réseau de recharge.
Pour Italcar, cet événement constitue un test de marché : à court terme, l’objectif est de capitaliser sur l’image emblématique du véhicule et d’élargir sa clientèle nationale ; à moyen terme, l’accent sera mis sur le soutien aux infrastructures et la sensibilisation des consommateurs aux avantages économiques et environnementaux de la propulsion électrique.
Pour améliorer le rendement de n’importe quel secteur, on a certes besoin d’un cadre légal adéquat. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi mobiliser des moyens, financiers et humains, susceptibles d’imprimer les changements souhaités. Il faut également adopter une gouvernance proactive, basée sur de bonnes méthodes et aux prises avec la réalité. Et c’est là où le bât blesse, les bonnes idées restant souvent en suspens, comme difficile à imprimer dans la réalité.
Latif Belhedi
Le président de la République, Kaïs Saïed a reçu, vendredi 18 juillet 2025 au Palais de Carthage, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sadok Mourali. L’entretien a porté sur le projet de loi organique relatif aux structures sportives, indique un communiqué publié par la présidence de la République.
Le chef de l’État a souligné l’importance de ce projet, insistant, à cette occasion, sur l’urgence de mettre fin à l’ambiguïté juridique qui entoure le secteur, tiraillé entre un professionnalisme mal défini et un amateurisme sans cadre clair.
Il a également dénoncé la prolifération des réseaux de marchandage et de corruption dans le milieu sportif.
Sombre tableau
Kaïs Saïed a, par ailleurs, évoqué les textes fondateurs de ce secteur, rappelant que l’éducation physique et sportive doit contribuer à la formation, l’intégration sociale et l’épanouissement des citoyens ainsi qu’au développement de leurs capacités physiques et intellectuelles.
Il a aussi salué les exploits réalisés par des athlètes tunisiens dans diverses compétitions sportives internationales, portés par leur compétence et leur patriotisme ainsi que par leur volonté de hisser haut le drapeau national sur la scène internationale.
Cependant, il a déploré le recul des performances nationales, notamment dans les disciplines collectives, en raison de choix douteux et de la dégradation des infrastructures sportives, faisant remarquer que l’urbanisation rapide a aussi contribué à la disparition des espaces de jeu et d’activités pour les jeunes, au détriment de leur bien-être et de leur développement, indique le communiqué.
S’agissant des maisons de jeunes, le Président Saïed a dressé un constat sévère : autrefois foyers de culture, de sport et d’éducation, beaucoup de ces espaces sont aujourd’hui laissés à l’abandon. Pire encore, certaines sont devenues des lieux de dépravation et de consommation de drogues, a-t-il ajouté.
Le président de la République a conclu en affirmant que la Tunisie a besoin de nouveaux textes juridiques, non seulement dans le domaine sportif, mais dans tous les secteurs, afin de redonner aux institutions publiques leur rôle central.
L’urgence de bouger
On ne peut que souscrire au diagnostic présidentiel, qui dépeint un tableau assez sombre du secteur de la jeunesse et du sport dans le pays. Mais de la part de la tête de l’exécutif, on attend plus qu’un simple diagnostic : des décisions, des solutions, des actes…
Par ailleurs, et pour améliorer le rendement de n’importe quel secteur, on a certes besoin d’adopter un cadre législatif adéquat. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi mobiliser des moyens, financiers et humains, susceptibles d’imprimer les changements souhaités. Il faut également adopter une gouvernance proactive, basée sur de bonnes méthodes et aux prises avec la réalité. Et c’est là où le bât blesse, les bonnes idées restant, souvent, en suspens, comme difficile à imprimer dans la réalité, et cela donne cette désagréable impression d’un pays figé et qui bégaie, incapable de se relancer, et pas seulement dans le domaine du sport.
Avec ‘‘Les os noirs’’, son premier roman, Agnès Jésupret explore une histoire intime et oubliée née d’un témoignage recueilli presque par hasard : celui d’une vieille dame d’origine italienne ayant grandi dans la Tunisie du protectorat français. À travers ce récit nourri de mémoire, de malédictions et d’ombres coloniales, l’autrice tisse un fil entre fiction et réalité, entre silence et transmission. Dans cet entretien accordé à Kapitalis, elle revient sur la genèse de son livre, son regard sur l’histoire coloniale, sa méthode de travail minutieuse et sensorielle, et son désir de voir son roman dialoguer avec la Tunisie d’aujourd’hui. Une parole sensible et engagée, portée par une romancière pour qui l’écriture est un geste de réparation.
Entretien réalisé par Djamal Guettala
Kapitalis : Vous vous définissez comme «biographe anonyme pour des gens qui le sont tout autant ». Qu’est-ce qui vous a poussée à écrire un premier roman ?
Agnès Jésupret : J’ai commencé à écrire ce roman avant d’écrire des livres de souvenirs. J’ai eu envie de l’écrire parce que je suis tombée sur une dame assez âgée, d’origine italienne, qui m’a raconté son enfance en Tunisie. Cette histoire était tellement incroyable, tellement tourmentée, que je lui ai demandé l’autorisation d’en faire un roman. La dame m’a dit que je pouvais faire ce que je voulais de son histoire, alors j’ai commencé à «m’amuser» à écrire. Pendant une dizaine d’années, je suis revenue sur ce roman, c’était mon passe-temps. Quelque temps après avoir rencontré cette dame, j’ai commencé à faire des livres de souvenirs.
Je précise que la dame ne m’avait pas demandé d’écrire ses souvenirs, ce n’est pas une commande.
Quelle part de réalité se cache derrière cette fiction ? Est-ce l’écho d’un témoignage recueilli ou une construction totalement littéraire ?
Oui, j’ai recueilli le témoignage de cette dame en la filmant avec un camescope, ensuite j’ai retranscrit ses souvenirs et j’ai commencé à broder autour, à extrapoler, à nourrir son récit d’autres récits. Je me suis beaucoup documentée, j’ai beaucoup lu, j’ai fouillé dans les archives pour essayer de reconstituer le contexte dans lequel elle avait grandi, j’ai créé des personnages annexes pour donner une idée plus précise de ce qu’était la Tunisie à l’époque, et parce que c’était important pour moi de ne pas donner que le seul point de vue de la communauté italienne.
Dans ‘‘Les os noirs’’, beaucoup de choses sont donc vraies (l’histoire de la malédiction, les empoisonnements, la déchéance de la famille…) et beaucoup d’autres ont été ajoutées par mes soins…
Pourquoi avoir situé l’histoire en Tunisie, et plus précisément à Grombalia ?
Ce n’est pas un choix. Je voulais raconter l’histoire de cette dame, elle était née en Tunisie, à Grombalia.
Peut-être que cette histoire m’a attirée parce que je suis très attachée à la Méditerranée et aux pays méditerranéens.
Le thème de la malédiction traverse tout le roman. Est-ce pour vous une figure littéraire, une croyance culturelle ou un fil symbolique ?
Pour la vraie Clara, la malédiction est une réalité qui a touché sa famille, c’est comme ça qu’elle expliquait tous les malheurs survenus.
Pour moi, les malédictions n’existent pas, elles sont effectivement des croyances culturelles, mais je laisse les lectrices et lecteurs se faire leur opinion, chacun a le droit de croire ou de ne pas croire aux malédictions. La question reste ouverte, je n’émets pas de jugement catégorique dans le roman.
Il se trouve aussi que la malédiction a un côté très «romanesque», je crois qu’en tant que lecteur, on aime lire des histoires de malédiction…
Le récit évoque en creux la violence coloniale et les mécanismes d’appropriation. Était-ce un angle assumé dès le départ ?
Oui, je suis très touchée par toutes les histoires de colonisation, de colonialisme, je suis révoltée par les injustices, intéressée par les flux migratoires, les exils. Ce sont des thématiques qui m’animent depuis longtemps. J’ai été bénévole quelques années dans une association qui proposait des cours d’alphabétisation à des Afghans, Turcs, Algériens et Marocains habitant à Marseille. J’ai été confrontée, et je le suis encore, à des hommes et des femmes aux parcours chahutés et qui, pour se libérer de certaines dominations, risquaient leur vie. Je souffre de me sentir impuissante face aux injustices liées au colonialisme et aux mécanismes de domination. Je ne pouvais pas écrire un livre se déroulant sous le protectorat français de Tunisie sans montrer plus ou moins ouvertement mon désaccord avec certaines pratiques.
On sent dans le texte une attention très forte aux détails sensoriels : odeurs, textures, gestes. Comment avez-vous travaillé cette atmosphère ?
Je ne suis jamais allée en Tunisie, alors j’ai fait confiance à ce que m’avait raconté la vraie Clara et j’ai lu beaucoup, j’ai regardé des vidéos d’archives. Je voulais effectivement que l’on puisse sentir et ressentir les choses de manière assez précise.
Les lecteurs et lectrices tunisiens que j’ai eu l’occasion de rencontrer m’ont dit qu’ils avaient été bluffés par ces descriptions, ça me touche beaucoup.
La figure du père, Pierre Ignorante, est ambivalente : homme «honnête» mais inflexible, et parfois aveugle. Comment l’avez-vous construit ?
La vraie Clara m’a beaucoup parlé de son père, mais ça ne suffisait pas pour en faire un personnage crédible, alors j’ai affiné son portrait, j’ai exagéré certains de ses traits de caractère. Il est issu d’un mélange de réalité et de fiction.
Je voulais un personnage «humain», dont on puisse deviner les contradictions et les failles.
Le roman donne la parole à une femme très âgée. Comment avez-vous approché l’écriture de la vieillesse, de la mémoire fragmentée ?
C’est l’un des aspects qui m’intéresse le plus. En tant qu’autrice de livres de souvenirs, je suis très curieuse de voir comment fonctionne la mémoire, je manipule les souvenirs avec beaucoup de précaution et d’admiration.
Pour ‘‘Les Os noirs’’, dès le départ, j’ai décidé de prendre les souvenirs de cette dame tels qu’ils étaient, c’est-à-dire très incomplets. Je n’ai pas cherché à éclaircir certains points, j’avais envie de reconstituer moi-même la dentelle de ces souvenirs, de combler moi-même les vides et les manques. J’avais cette liberté, qui est celle de la romancière, je l’ai prise.
Avez-vous envisagé une suite à ce roman, ou d’autres récits liés à la mémoire familiale et coloniale ?
Non, il n’y aura pas de suite. En revanche, j’ai deux romans en préparation qui sont aussi en lien avec les souvenirs et avec les thématiques de colonisation, d’exil et de privation de liberté. Ce sont des questions que je veux creuser par le roman pour essayer de donner, par des histoires personnelles atypiques et des destins étonnants, une vision multiple de ces problématiques complexes et protéiformes.
Quelle serait, selon vous, la réception idéale de ce roman en Tunisie, là où l’histoire prend racine ?
J’ai déjà de très beaux retours de lecteurs et lectrices tunisiens. Ce sont ceux qui m’ont le plus émue. Mon vœu le plus cher serait que le roman soit traduit en arabe tunisien et j’aimerais qu’il me permette de tisser des liens avec ce pays que je rêve de découvrir.
Que voudriez-vous que retienne le lecteur, une fois le livre refermé : un souvenir, une émotion, une question, un malaise peut-être ?
Je crois que j’aimerais que l’on comprenne la souffrance qu’engendre l’exil de manière générale, quelle que soit la raison de cet exil, quelle que soit la nationalité de la personne. Mais je voudrais surtout que les lectrices et lecteurs sortent de la lecture du livre avec une vision plus précise de ce qu’était la Tunisie dominée par les Français, de ce que vivaient les Tunisiens musulmans sous ce protectorat et aussi des relations entre les différentes communautés.
Les réformistes iraniens ont toujours défendu la voie diplomatique et les négociations avec l’Occident afin de préserver le pays de toute agression armée étrangère. Cependant, la guerre des 13 jours déclenchée par Israël le mois dernier a montré que leur position historique a failli. Aujourd’hui, les conservateurs qui essayent de reprendre le poil de la bête leur opposent cet argument. L’heure de la revanche a sonné. Le front uni et sacré affiché durant la guerre a fini par se fissurer et la bataille entre les deux camps a repris de plus belle. (Ph. La ligne réformiste du président Massoud Pezeshkian battue en brèche par les ultras conservateurs).
Imed Bahri
Le Financial Times a publié une enquête de sa correspondante à Téhéran Najmeh Bozorgmehr dans laquelle elle affirme que l’Iran est, depuis la fin de guerre contre Israël et les États-Unis, le théâtre d’une bataille entre partisans de la ligne dure et réformistes. Les premiers ont ravivé leur âpre lutte pour le pouvoir avec leurs adversaires de toujours, déclenchant une rivalité féroce dont l’enjeu n’est pas moins que l’avenir de la République islamique.
Le FT affirme que les revers subis par l’Iran face à Israël et aux États-Unis, l’assassinat de hauts commandants militaires et la destruction importante des installations nucléaires du pays ont alimenté des accusations mutuelles et de vifs débats au sein de la classe politique. Les partisans de la ligne dure, qui prônent une inimitié permanente avec l’Occident, dénoncent la possibilité de renouer avec les États-Unis et attaquent le président réformiste Massoud Pezeshkian qui a indiqué cette semaine qu’il restait ouvert à des négociations avec Washington.
Redoubler d’efforts diplomatiques
«Nous continuons de croire que la voie diplomatique est ouverte et nous poursuivrons sérieusement sur cette voie pacifique», a écrit Pezeshkian sur la plateforme X lundi.
Les réformistes affirment que la République islamique ne peut survivre qu’en redoublant d’efforts diplomatiques, en assouplissant ses contraintes idéologiques et en ouvrant son économie.
Le président a suscité l’indignation des radicaux après avoir tenté d’adoucir le fameux slogan «Mort à l’Amérique» à la suite d’une interview avec la personnalité médiatique conservatrice américaine Tucker Carlson. Pezeshkian a affirmé que ce slogan, symbole de la République islamique depuis 1979, ne devait pas être pris au pied de la lettre. Plusieurs députés lui ont écrit après l’interview pour lui exprimer leurs critiques. Le député Amir Hossein Sabiti a mis en garde contre un «changement d’approche du Parlement» si le gouvernement ne changeait pas de cap ce que certains observateurs ont interprété comme une menace de destitution du président.
La presse locale a cité un député radical Abolfazl Zahrvand déclarant: «J’étais préoccupé par les propos de Pezeshkian. Le président ne possède pas les qualifications minimales requises pour ce poste et a blanchi les États-Unis. Nous avons conclu que la mission première du gouvernement actuel était de mettre fin à la révolution islamique».
Le FT note que le gouvernement iranien a engagé plusieurs cycles de négociations avant qu’Israël ne lance ses attaques contre l’Iran et que les États-Unis ne s’y joigne le 24 juin.
Selon les responsables iraniens, l’attaque a fait plus de 1 000 morts, principalement des civils, mais elle a également ravivé le sentiment nationaliste. Cependant, les partisans de la ligne dure, restés largement silencieux pendant le conflit par souci d’unité nationale, ont depuis affirmé que la guerre justifiait leur opposition aux négociations et démontrait que la poursuite de la diplomatie n’empêcherait pas de futures attaques américaines ou israéliennes. Et les faits leur donnent raison.
«Aujourd’hui plus que jamais, cette confrontation avec les États-Unis et Israël a renforcé notre rhétorique selon laquelle cette hostilité, ancrée dans notre religion, devrait être le critère de distinction du bien et du mal», a déclaré Hamid Reza Taraghi, un homme politique de la ligne dure. Pour lui, les réformistes ont perdu leur crédibilité, leurs arguments ne tiennent plus et leur thèse de soutien aux négociations avec les États-Unis pour protéger le pays a prouvé son échec.
De leur côté, les réformistes craignent que la confrontation avec les partisans de la ligne dure ne conduise à une nouvelle agression étrangère. Un religieux a utilisé une fatwa à la télévision d’État pour lancer une campagne de financement et offrir une récompense financière pour la tête du président américain Donald Trump.
«Les partisans de la ligne dure n’offrent aucune solution et manquent de soutien populaire. Leur principale préoccupation n’est pas l’idéologie mais leur exclusion de tout futur accord avec les États-Unis», a déclaré l’analyste réformiste Saeed Laylaz. Les diplomates iraniens insistent comme avant la guerre sur le fait que Téhéran ne renoncera pas à sa volonté de poursuivre l’enrichissement de l’uranium dans le cadre de tout nouvel accord, une position difficile à défendre face à l’administration américaine même si l’Iran affirme que son programme nucléaire est pacifique.
Cependant, le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, âgé de 86 ans, devrait prendre les décisions finales concernant la stratégie iranienne d’après-guerre, bien qu’il se soit largement retiré de la scène publique depuis le conflit.
Cependant, les réformateurs ont cherché non seulement à influencer les relations extérieures mais aussi à opérer des changements radicaux sur le plan intérieur. La semaine dernière, quelque 200 économistes et anciens responsables réformateurs ont publié une déclaration appelant à un changement de modèle de gouvernance exhortant l’administration Pezeshkian à continuer à opter pour la diplomatie avec les États-Unis et l’Europe, à revoir ses politiques budgétaires et à lutter contre la corruption afin de regagner la confiance de l’opinion publique.
Mir Hossein Mousavi, l’ancien Premier ministre assigné à résidence depuis 2011, a également appelé à un référendum national pour une refonte des institutions et entamer une transition politique.
Toutefois, rien n’indique que les centres de pouvoir iraniens, en particulier le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), l’institution la plus puissante du pays, lui permettront de participer à la construction de l’avenir.
De nouvelles condamnations surprenantes ont été prononcées la semaine dernière contre un autre prisonnier politique de premier plan, Mostafa Tajzadeh, le maintenant en prison jusqu’en 2032. «On dirait que les gens attendent de voir ce qui se passera dans cette lutte de pouvoir interne», a déclaré Karim, un commerçant de Téhéran qui a choisi de ne pas révéler son nom complet avant d’ajouter: «Les politiciens ne se rendent peut-être pas compte que le temps presse et qu’ils doivent prendre leurs décisions très rapidement».
La Tunisie et l’Afrique du Sud ont convenu de renforcer leur coopération en matière de science, de technologie et d’innovation. Un accord en ce sens a été signé par Mondher Belaid, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, et Blade Nzimande, ministre sud-africain des Sciences, de la Technologie et de l’Innovation.
Ce partenariat, scellé le 15 juillet 2025 et baptisé «stratégie de renforcement Tunisie-Afrique du Sud», a été établi lors de la visite officielle de M. Nzimande en Tunisie. Il comprend un plan d’action et des réunions conjointes de recherche.
Les axes prioritaires du plan d’action comprennent un programme d’échange, le réseautage et la coopération interinstitutionnelle, un programme de recherche conjoint, les droits de propriété intellectuelle, le transfert de connaissances et de compétences en matière d’innovation, la participation à des programmes internationaux et la gouvernance.
Soulignant l’importance stratégique de cet accord de coopération, Nzimande a déclaré : «Je tiens à exprimer notre appréciation pour les relations cordiales entre l’Afrique du Sud et la Tunisie, et à remercier l’ambassade de Tunisie en Afrique du Sud pour l’excellent travail qu’elle a accompli pour maintenir notre partenariat en vie.» Et d’ajouter : «L’environnement géopolitique émergent nous confronte à un certain nombre de défis complexes, notamment une tendance croissante vers l’unipolarité de certains pays, par le biais de tactiques d’intimidation. Nous sommes donc d’avis que les pays africains doivent intensifier la coopération sous-régionale en matière de science, de technologie et d’innovation et, ce faisant, mobiliser un soutien plus cohérent à la mise en œuvre de la Stratégie de l’Union africaine pour la science, la technologie et l’innovation en Afrique.»
Selon le communiqué du ministère sud-africain, ce partenariat s’appuie sur la coopération existante entre l’Afrique du Sud et la Tunisie et permet aux deux pays d’intensifier le développement de solutions durables pour relever les défis continentaux, anciens et émergents. Parmi ceux-ci figurent le chômage des jeunes et le développement des compétences, la santé, la souveraineté alimentaire, la sécurité hydrique et énergétique, le changement climatique et la perte de biodiversité, ainsi que la transformation numérique.
La délégation accompagnant Nzimande comprenait de hauts fonctionnaires du ministère et de ses entités, notamment le Conseil de la recherche scientifique et industrielle, l’Agence de l’innovation technologique et la Fondation nationale de la recherche, ainsi que des experts du Conseil des technologies minérales.
Destination prisée des touristes britanniques, la Tunisie offre une multitude d’attraits, notamment de magnifiques stations balnéaires, de riches sites archéologiques et un patrimoine culturel très diversifié. Cependant, les récents développements sécuritaires ont ravivé les inquiétudes, notamment dans les zones proches des frontières tuniso-algérienne et tuniso-libyenne.
C’est ce que souligne le ministère britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth (FCDO) dans une mise à jour de ses recommandations aux voyageurs pour la Tunisie, déconseillant les voyages non essentiels dans certaines régions en raison de ce qu’il a qualifié d’«augmentation des risques sécuritaires».
C’est ce que rapporte le site spécialisé Travel and Tour Word, le 17 juillet 2025, en détaillant les risques sécuritaires en question.
Quoi qu’il en soit, les touristes britanniques sont en majorité attirés par les plages situées sur le littoral (Hammamet, Sousse et Djerba) davantage que par les autres attractions à l’intérieur du pays. Ils sont aussi attirés les sites historiques fascinants, tels que les ruines romaines antiques et les médinas animées. Les prix abordables des séjours renforcent encore l’attrait de la destination.
Dans un communiqué actualisé, le FCDO a précisé les zones de Tunisie où les touristes doivent redoubler de prudence, voire éviter complètement de se rendre, et qui sont particulièrement les régions proches de la frontière tuniso-algérienne et tuniso-libyenne. Ces régions connaissent des préoccupations sécuritaires accrues en raison d’activités terroristes transfrontalières et d’opérations militaires, souligne le FCDO dans ses directives de voyage.
Si vous désirez connaître les raisons cachées de la genèse du conflit russo-ukrainien, cet article tiré de l’histoire de la Russie et des pays membres du Pacte de Varsovie – un traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle, conclu le 14 mai 1955 et dissous en juillet 1991 – pourrait vous y aider.
Habib Glenza
Durant les 36 ans de coopération et d’assistance, l’URSS a certes dominé les pays de l’alliance, mais elle les a également aidés à reconstruire les infrastructures détruites lors de la deuxième guerre mondiale, ce qui a nécessité un investissement colossal pour remettre sur pieds toutes les économies des pays du pacte.
A en croire la rhétorique des médias occidentaux, le conflit russo-ukrainien a commencé lorsque l’armée russe a envahi l’Ukraine le 24 février 2022. Le seul objectif de Poutine, d’après eux, est d’annexer ce pays. Et aujourd’hui, on parle d’une menace russe d’annexion des pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), en plus de la Pologne et de la Finlande. Une fois ces pays annexés, Poutine ferait la guerre à toute l’Europe, répète-t-on aussi.
Cette rhétorique cherche, en réalité, à impliquer l’Otan dans le conflit russo-ukrainien afin de déstabiliser et affaiblir la Russie pour la partager ensuite en trois grands territoires : la partie de la Russie occidentale passera sous la souveraineté de l’Union européenne; les deux autres, qui se trouvent en Asie, passeront sous contrôle des Américains.
L’Occident cherche à cacher ce qui a été rapporté par Zbigniew Brzezinski dans son livre ‘‘Le grand échiquier’’ paru en 1997. Ce politologue américain d’origine polonaise était conseiller à la sécurité nationale du président des Etats-Unis Jimmy Carter. Brzezinski a été un artisan majeur de la politique étrangère de Washington, soutenant une tendance plus agressive vis-à-vis de l’URSS. Il est resté jusqu’à sa mort un russophobe farouche, et son origine polonaise y était sans doute pour beaucoup.
Dans son livre, Brzezinski écrivait : «Si les Etats-Unis veulent dominer le monde, ils doivent dépiécer la Russie en trois parties pour l’affaiblir et s’emparer de ses richesses naturelles (énergies, métaux. métaux rares, etc.) et ensuite neutraliser la Chine».
L’extension de l’Otan vers l’Est
Au moment de la chute du mur de Berlin en 1989, James Baker a été chargé par le président américain Georges Bush de réorganiser l’Europe autour d’un noyau dur qu’est la réunification des deux Allemagne et l’extension de l’Otan vers l’Est de l’Europe
La réunification fut actée en un temps record. Le traité y afférent fut signé à Moscou le 12 septembre 1990 mettant fin à la question qui empoisonnait les relations internationales depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Chacun des partenaires a essayé de tirer avantage de la nouvelle situation. L’Allemagne a retrouvé son unité, et les Russes ont reçu la promesse que l’Otan ne s’étendra pas jusqu’à ses frontières, la déclaration de Baker selon laquelle l’Otan ne s’étendra pas vers l’Est ayant été prise au mot par Moscou.
Du point de vue des Russes, lequel doit être également entendu, cette promesse non tenue est à l’origine des tensions actuelles à l’est de l’Europe, dont celle qui a surgi récemment en Ukraine. Les Américains ont en effet permis à l’Otan d’intégrer de nouveaux membres parmi les pays qui faisaient partie du Pacte de Varsovie. De cette expansion, Gorbatchev dira plus tard que la promesse non tenue était une provocation et une violation de l’esprit des assurances faites en 1990.
C’est ce qui reviendra, des années après, comme un leitmotiv dans la bouche de Poutine qui ne cesse d’affirmer que «l’Occident a triché et nous a trompés de manière abjecte».
Le protocole de Minsk, puis les accords de Minsk I et II, ont été adoptés par la Russie et l’Ukraine pour mettre fin à la guerre dans le Donbass qui a fait plus de 14 000 morts depuis 2014. Pourtant, selon certains experts, ces deux textes étaient voués à l’échec dès leur signature, le 5 septembre 2014 (Minsk I) et le 12 février 2015 (Minsk II).
La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Mitterrand avoueront eux-mêmes avoir dupé Poutine en donnant à l’Ukraine le temps de s’armer!
C’est en tout cas ce qu’a affirmé sans ciller l’ancienne chancelière allemande en 2022.«L’accord de Minsk de 2014 était une tentative de donner du temps à l’Ukraine. Elle en a également profité pour devenir plus forte, comme vous pouvez le voir aujourd’hui», a-t-elle déclaré à l’hebdomadaire Die Zeit, le 7 décembre 2022.
«Il était clair pour nous tous que le conflit était dans une impasse, que le problème n’avait pas été résolu, mais c’est précisément ce qui a donné un temps précieux à l’Ukraine», a insisté la chancelière allemande.
L’accord de Minsk, que Merkel avait signé, en septembre 2014, avec le président français de l’époque, François Hollande, le président ukrainien Petro Porochenko et le président russe Vladimir Poutine est aujourd’hui dépeint comme un effort de paix que le président russe aurait désavoué. Ce point de vue est pour le moins inexact et orienté.
Par ses déclarations, Merkel a confirmé que l’Otan voulait la guerre dès le début, mais qu’elle avait besoin de temps pour s’y préparer militairement.
Depuis la dissolution de l’Union soviétique en 1991, les États-Unis poursuivent l’objectif de rester la «seule puissance mondiale». À cette fin, Washington a mené de nombreuses guerres et a étendu l’Otan à l’Europe de l’Est. Aujourd’hui, ils veulent également intégrer l’Ukraine, la Géorgie et d’autres anciennes républiques soviétiques dans l’Otan et soumettre la Russie afin de piller ses ressources et d’isoler la Chine.
Deux mois à peine après l’entrée en fonction du troisième gouvernement de Merkel, les États-Unis et l’Allemagne ont organisé un coup d’État en Ukraine en février 2014, qui a fait appel à des milices pour aider un régime pro-Otan à prendre le pouvoir. Washington et Berlin ont toutefois eu un problème. Le rôle dominant joué dans le nouveau régime par les nationalistes de droite, admirateurs du collaborateur des Nazis, Stepan Bandera, et les milices fascistes, a divisé le pays, en particulier dans l’Est, majoritairement russophone, où la perspective d’être dirigé par des ultranationalistes ukrainiens était accueillie avec horreur.
La Russie, craignant pour sa base de la flotte de la mer Noire à Sébastopol, a annexé la Crimée. Les séparatistes soutenus par la Russie ont proclamé des républiques indépendantes à Donetsk et à Lougansk, dans l’est de l’Ukraine. Les nouveaux dirigeants de Kiev n’ont pas été en mesure d’empêcher cela. L’armée ukrainienne s’est effondrée. Les soldats peu enclins à se sacrifier pour le nouveau régime avaient déserté en masse.
Kiev cherchait à gagner du temps pour s’armer
Presque rien des accords de Minsk n’a été mis en œuvre par l’Occident. En particulier, la partie ukrainienne a boycotté tous les accords. Elle ne voulait pas d’un règlement négocié. Faute de soldats prêts à se battre, le président nouvellement installé Petro Porochenko a mobilisé le bataillon Azov et d’autres milices, que l’oligarque milliardaire a en partie financées lui-même. Ces milices ont été intégrées aux forces armées et envoyées dans les régions séparatistes pour terroriser la population locale et alimenter le conflit.
Le régime de Kiev – que ce soit sous la direction de Porochenko ou de son successeur Volodymyr Zelensky – et ses bailleurs de fonds à Berlin et Washington n’ont jamais voulu une solution pacifique. Ce qui les intéressait c’était de gagner du temps pour préparer la guerre, même si cela avait des conséquences désastreuses pour la population des zones touchées.
Du point de vue de Kiev, la construction de la paix «ne sera possible qu’une fois les territoires libérés, c’est-à-dire une fois qu’ils seront à nouveau entièrement sous contrôle ukrainien». Position que conforte cet aveu de François Hollande en 2022 : «Les accords de Minsk ont permis à l’Ukraine de renforcer ses capacités militaires».
Le répit, l’Occident et Kiev semblent l’avoir mis à profit : depuis 2014, l’Ukraine a renforcé ses capacités militaires. Et l’armée ukrainienne est complètement différente de celle de 2014. Elle est mieux entraînée et mieux équipée. C’est le mérite des accords de Minsk d’avoir donné à l’armée ukrainienne cette opportunité.
Ces accords auraient aussi empêché la zone contrôlée par les séparatistes de s’étendre. À l’hiver 2015, ces derniers étaient aux portes de Marioupol et venaient de remporter deux batailles décisives, reprenant l’aéroport de Donetsk et la ville de Debaltsevo.
La confiance perdue entre Moscou et l’Occident
Regrettant les divisions au sein de l’Union européenne (UE) et l’ambiguïté de l’Allemagne, «refusant de mettre en question le pipeline Nord Stream 2», François Hollande a rapporté qu’il était partisan de sanctions maximales, rappelant qu’il avait lui-même annulé la vente de navires Mistral à la Russie en 2014.
Étrangement, Hollande, qui estime qu’une solution pérenne est nécessaire pour la paix en Ukraine, a achevé son propos en affirmant que «les accords de Minsk peuvent être ressuscités pour établir un cadre légal déjà accepté par toutes les parties».
L’aveu de Merkel a pourtant déjà suscité une vive réaction du président Poutine : «La confiance est presque inexistante, mais après de telles déclarations, une question de confiance se pose : comment négocier, sur quoi, et s’il est possible de négocier avec quelqu’un, quelles sont les garanties?», s’est-il interrogé.
«J’espérais encore que les autres parties prenantes à ce processus étaient sincères avec nous. Il s’avère qu’ils nous trompaient aussi. Il s’agissait uniquement de renforcer l’Ukraine avec des armes, en la préparant aux hostilités», a ajouté Poutine. Au vu de ces nouveaux éléments, Moscou aurait «peut-être» dû lancer son opération militaire en Ukraine plus tôt, a-t-il estimé, soulignant que la Russie espérait pour sa part être en mesure de résoudre le conflit dans le Donbass par le biais des Accords de Minsk.
L’accord d’Istanbul aurait pu apporter la paix
Plusieurs politologues pensent que les négociations d’Istanbul en 2022 ont été une occasion ratée pour arrêter un conflit insensé. Cette chance a été torpillée par le Premier ministre britannique Boris Johnson, dépêché par les Européens. L’expérience des républiques post-soviétiques en matière d’accords de sécurité avec Moscou montre que les pourparlers russo-ukrainiens de 2022 avaient peu de chances d’aboutir.
En conclusion, la genèse du conflit russo-ukrainien sert seulement les intérêts des Américains pour s’emparer des richesses naturelles russes: pétrole, gaz, or, métaux et surtout métaux rares. L’Ukraine n’est qu’un moyen pour parvenir démembrer la Russie et ensuite isoler la Chine
Les allégations selon lesquelles l’objectif de l’intervention de l’armée russe en 2022 est l’annexion de l’Ukraine n’est qu’un mensonge et une rhétorique des médias occidentaux. En effet, la Russie possède 17 millions de km2 pour une population de 150 millions de personnes, par conséquent Poutine n’est pas dans le besoin d’annexer d’autres terres et encore moins incapable de faire la guerre à toute l’Europe
La Russie cherche à ce que l’on accorde plus de liberté à la minorité russe du Donbass, afin qu’elle puisse avoir accès à la langue et à la culture russes dans les écoles publiques ukrainiennes, ce que refusent d’entendre les ultras nationalistes de Stepan Bandera. Poutine exige aussi la démilitarisation de l’Ukraine et sa non adhésion à l’Otan.
Ceux qui avancent que l’Ukraine est libre d’intégrer l’Otan et d’installer une base militaire occidentale tout près de la frontière russe doivent se rappeler qu’en 1962 une troisième guerre mondiale, nucléaire celle-là, aurait pu être déclenchée entre l’URSS de Nikita Khrouchtchev et les Etats-Unis de John Kennedy, suite à l’installation de missiles russes à Cuba. A cette époque les Américains jugeaient inadmissible l’installation de telles armes non loin de leurs frontières. Pour éviter un conflit armé lourd de conséquences, Khrouchtchev a dû retirer ses missiles de Cuba.
Les puissances mondiales, Etats-Unis, Chine et Russie ne permettront jamais l’installation de bases militaires hostiles à leurs frontières. Demain, si les choses se détériorent entre l’Otan, les Etats-Unis et la Chine, nous aurions certainement un conflit, plus dévastateur, entre la Chine et Taïwan.
Tanger Med, le plus grand port du Maroc, va doubler la capacité de la partie camions de sa plateforme logistique. Un investissement de 5 milliards de dirhams, soit environ 500 millions d’euros, lui permettra d’accueillir jusqu’à 1 million de véhicules. Et pendant ce temps-là, le projet de port en eau profonde d’Enfidha, dont on parle en Tunisie depuis la fin des années 1990, tarde encore à sortir des cartons. A l’époque personne ne parlait encore de Tanger Med. Cherchez l’erreur !
Mehdi Tazi, Pdg de Tanger Med, explique le projet chiffres à l’appui : «Le port a traité plus de 500 000 camions en 2024, soit une augmentation de 8,1% par rapport à l’année précédente, et environ 10 millions de conteneurs, soit une augmentation de 18,8% par rapport à l’année précédente.» Mais la demande est en constante croissance, précise-t-il, au rythme des exportations marocaines dans des secteurs tels que l’automobile, l’aéronautique et l’agroalimentaire.
Grâce à sa situation stratégique, au bord du détroit de Gibraltar, dans le nord du Maroc, Tanger Med est la plateforme logistique idéale pour les voyageurs transméditerranéens. Avec ses 9 kilomètres de quai, il relie 180 ports dans le monde, s’étend sur environ 3 000 hectares et comprend des terminaux de fret et de passagers avec des zones économiques intégrées, le tout entièrement alimenté par des énergies renouvelables. Il abrite également la plus grande usine Renault d’Afrique et du Moyen-Orient.
Le projet d’expansion du parc de camions est financé principalement par des prêts internationaux, dont 2 milliards de dirhams (200 millions de dollars) de JPMorgan Chase et environ 2 milliards de dirhams (200 millions de dollars) de la Société financière internationale (SFI), une institution du Groupe de la Banque mondiale. Tanger-Med fournira le reste.
Tanger-Med est déjà le leader de la manutention de conteneurs en Afrique et en Méditerranée et se classe actuellement au 17e rang mondial. Par l’intermédiaire de Marsa Maroc, il exploite 25 terminaux à conteneurs pour un débit total de 187 millions de tonnes de marchandises. Il a attiré des investissements cumulés de 130 milliards de dirhams (environ 13 milliards d’euros, dont un peu plus de 5 milliards publics et plus de 8 milliards privés) d’ici fin 2024.