Vie associative : Le temps des caroubes
C’est un peu sous l’inspiration des saisons que nous allons, ces temps-ci, à la rencontre d’associations dont l’action est orientée vers le soutien au monde agricole. Ainsi, après celles qui agissent dans le champ des cactées et plus particulièrement du figuier de Barbarie dont nous avons fait la connaissance à notre dernière rencontre, nous voici aujourd’hui au rendez-vous d’une autre association qui, celle-là, s’intéresse à un arbre de vieux compagnonnage avec le terroir tunisien mais qui, malgré son imposante allure et à cause de sa grande discrétion, sa modestie dirions-nous, n’est qu’épisodiquement mentionné en tant que composante majeure de notre patrimoine sylvestre. Il s’agit du vénérable caroubier, d’appellation scientifique ceretonia siliqua L.
Pourquoi s’intéresser au caroubier ? Outre le fait qu’il fait partie du patrimoine végétal forestier de notre pays, il semble céder du terrain alors que, traditionnellement, son fruit, le caroube, en forme de gousses, entre chez nous dans l’alimentation humaine et animale sous forme de farine qui est une source importante de sucre utilisée bien avant la canne à sucre et la betterave sucrière et employée depuis longtemps comme nourriture de bétail. Elle est également consommée comme agent stabilisateur, épaississant, agglomérant et gélatinant.
C’est substitut de la pectine, de la gélatine, qui est aussi utilisée comme stabilisateur alimentaire, agent dispersant, fixateur dans différents domaines (fromage, sauce, mayonnaise, nappages, glaces, les aliments pour les bébés, les produits laitiers fermentés, salades…). Ne parlons pas de son utilisation dans les domaines de la médecine et des produits cosmétiques.
Les fruits du caroubier ont une grande valeur commerciale pour la transformation industrielle
Là ne s’arrête pas l’intérêt que présente cette plante. Précisément à cause de toutes ces vertus, les fruits du caroubier ont une grande valeur commerciale pour la transformation industrielle. La demande en fruits et en graines augmente considérablement, tout comme leur valeur commerciale alors que c’est une espèce peu exigeante, puisqu’elle se rencontre à différents étages bioclimatiques et sur des sols pauvres et squelettiques.
Voilà donc suffisamment d’arguments pour que l’on se penche sur l’état des lieux « caroubiers ». Premier constat : le caroubier chez nous croît dans les conditions naturelles à l’état sauvage sous des bioclimats de type subhumide, semi-aride et aride en association avec l’olivier, amandiers et lentisques. Il n’est donc généralement pas cultivé et on le rencontre rarement en tant qu’arbre ornemental. De ce fait, deuxième constat, et conséquemment au recul des superficies forestières affectées par les changements climatiques en cours, la population des caroubiers est en nette régression.
Conclusion : il urge d’agir dans le cadre d’une politique concertée visant à la fois la sauvegarde du caroubier ainsi que la préservation et la régénération de la biodiversité et des sols, l’amélioration de la qualité de l’eau, la séquestration du carbone et la création de nouvelles sources de revenus pour les agriculteurs.
C’est la mission que s’est assignée l’association les Amis de Capte (Collectif d’acteurs pour la promotion et la transition environnementale) que nous présenterons dans notre prochaine livraison.