Edito | Tunisie – Palestine : Le jour où la solidarité a glissé sur la pelouse …
Le match nul entre la Palestine et la Syrie, synonyme de qualification pour les quarts de finale et d’élimination de la Tunisie, aurait pu n’être qu’un épisode sportif parmi d’autres. Mais la rencontre a ouvert une brèche où se sont engouffrées frustrations, colère et accusations de manque de fair-play. Sur les réseaux sociaux tunisiens, la tempête n’a pas tardé. Les critiques, parfois virulentes, ont visé la posture de la sélection palestinienne, accusée d’avoir manqué de loyauté envers un pays dont la solidarité politique avec Gaza ne fait pourtant aucun doute.
Ce décalage entre diplomatie et football n’est pas nouveau : le terrain n’est jamais totalement étanche. Pourtant, l’émotion suscitée par ce match souligne à quel point le football, surtout en contexte régional et identitaire, peut devenir un réceptacle où se déversent espoirs, déceptions et visions du monde.
Il faut le dire clairement : le sport n’est pas redevable des positions politiques d’un pays. Une équipe nationale, quelle qu’elle soit, joue d’abord pour elle-même, pour un classement, pour un passage au tour suivant. Attendre d’un joueur qu’il traduise sur le terrain la gratitude due à une nation amie, c’est projeter sur le football une charge symbolique qu’il n’a jamais prétendu porter. La Palestine n’a pas trahi la Tunisie. Elle a joué un match de compétition internationale, avec ses propres impératifs.
Cela ne signifie pas que tout est parfait ou que les interrogations sur le déroulement de la rencontre n’ont pas lieu d’être. Le fair-play, lorsqu’il est mis en cause, mérite toujours débat. Mais réduire cette affaire à un affront politique, à un manque de reconnaissance ou à une ingratitude, c’est franchir une ligne dangereuse. Parce qu’alors, ce ne sont plus onze joueurs qui courent derrière un ballon, mais des représentations identitaires qui s’affrontent.
Un résultat sportif avant tout
Cette affaire révèle surtout une autre réalité : la Tunisie traverse une période où le football reste l’un des rares exutoires collectifs. La défaite ou l’élimination devient un miroir grossissant de nos frustrations. Le recours immédiat à l’interprétation politique est le symptôme d’une crispation plus profonde.
Rappelons que le soutien tunisien à Gaza n’est ni conditionnel ni tributaire d’un résultat sportif. Il s’agit d’un choix de valeurs, d’un positionnement historique et d’un devoir humanitaire. Le football, lui, répond à une logique de compétition, pas à celle des relations internationales.
Il serait donc salutaire de dissocier les deux. De ne pas demander au sport d’endosser la diplomatie, ni à la diplomatie de se mesurer en buts. Car lorsque le ballon devient un instrument politique, tout le monde perd : les joueurs, les supporters et, au-delà, l’idée même du sport comme espace où, malgré les tensions, subsiste encore un peu de jeu et d’imprévu.
L’élimination de la Tunisie doit être analysée pour ce qu’elle est : un résultat sportif. Le reste relève de projections, de passions, et parfois d’excès qui ne servent ni le football ni la cause que l’on cherche à défendre.
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