Acheter une voiture est devenu, pour beaucoup, le rêve d’une majorité de Tunisiens, afin de mettre un terme aux longues heures d’attente pour trouver un taxi, ou prendre le bus, ou le métro. Autrement dit, les transports se sont transformés en véritable parcours du combattant. Pour analyser cette situation, le député à l’ARP et membre de la Commission des Finances, Maher Ketari, dresse un état des lieux, dans une déclaration exclusive à leconomistemaghrebin.com.
Mais que sait-on vraiment de cette voiture importée pour chaque famille ? Même si la mesure ravit certains, elle laisse penser qu’il y a anguille sous roche.
Maher Ketari rappelle qu’il faut avoir un revenu ne dépassant pas un certain seuil si une seule personne travaille. Par exemple, si c’est le père ou la mère qui travaille, le revenu ne doit pas dépasser dix fois le SMIG. Si les deux parents travaillent, le revenu ne doit pas dépasser quatre fois le SMIG.
À titre d’exemple, le SMIG est de 500 dinars ; toute personne ayant un revenu brut entre 500 et 5 000 dinars a droit à cet avantage. La question essentielle est donc l’impact de cet avantage fiscal. Notre interlocuteur a répondu : « Il n’y a plus d’attente quand on veut acheter une voiture populaire chez un concessionnaire. Avec ce dégrèvement fiscal… Par exemple, si la voiture populaire de 4 chevaux coûte 38 000 dinars, celle de 5 chevaux coûtera environ 42 000 dinars, et surtout, elle sera exonérée du droit de douane ».
Il est possible d’acheter une voiture 5 chevaux sans payer ce droit, ce qui rend le prix final seulement 3 000 dinars plus élevé environ.
Marché de l’occasion et risques associés
Cela dit, l’article 55 autorise désormais chaque famille à importer une voiture sans payer de droits de douane, à condition que le véhicule ait au maximum huit ans d’âge et que cet avantage ne soit pas cumulable avec celui de la voiture populaire.
« Pour acheter une voiture d’occasion, même d’Europe, à un certain moment, vous n’avez pas de garantie constructeur, ni l’assurance que cette voiture n’a pas été trafiquée ». Il rappelle : « Il existe des risques de sécurité et de qualité concernant les voitures d’occasion importées, notamment l’absence de garanties constructeur et les risques de trafic ». Autrement dit, cet article risque de supprimer les voitures d’occasion ».
Il poursuit : « Le Tunisien peut s’orienter davantage vers le marché local, vers le neuf, avec une voiture à 40 000 ou 42 000 dinars, où il a la garantie constructeur, de deux à trois ans, voire quatre ans chez certains constructeurs, avec des garanties de sécurité et des pièces de rechange disponibles en Tunisie ».
Suppression du quota pour les voitures populaires
Il y avait une confusion sur le quota des voitures populaires. Le député précise : « Mais il n’y a pas de quota pour ces voitures. Le quota ne doit pas être inférieur à 10%. C’est-à-dire de 10% à 100% ».
Les concessionnaires peuvent vendre tous leurs quotas si la demande existe. Le secteur formel importe environ 600 000 à 700 000 voitures par an, suffisant pour couvrir les besoins des familles tunisiennes. « Cette loi contribuera à diminuer très sensiblement le prix de l’occasion en Tunisie, ce qui est également une bonne nouvelle pour les Tunisiens ».
Le transport public, un enjeu clé
Cela dit, la grande question demeure : même si c’est beau d’acheter une voiture, qu’en est-il du transport public ? Un pays qui se respecte doit aussi garantir un transport digne à ses citoyens.
À cet effet, Maher Ketari souligne : « L’exécutif a fourni environ 1000 bus jusqu’à présent pour essayer d’améliorer le transport en commun. Des appels d’offres sont en cours pour de nouvelles rames de métro et de nouvelles licences de taxi. Des bus neufs et d’occasion arriveront prochainement, notamment de Chine et de Suisse ».
Un autre point important est la mise en place d’une application mobile pour les transports publics. « Une discussion est en cours pour relancer et améliorer les applications mobiles afin de mieux gérer les horaires des bus et métros ».
Il conclut : « Il faut que non seulement la consommation mais aussi l’investissement et la création de richesses reprennent, car tout repose sur la création de richesses et sur le climat de confiance des jeunes entrepreneurs, notre jeunesse très intelligente et éduquée, qui ne demande qu’à avoir sa chance de briller ».
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