Le trio africain des agrumes face à la tempête
Le marché mondial des agrumes – deuxième marché fruitier après la banane – repose sur la complémentarité entre les productions de l’hémisphère Nord et celles de l’hémisphère Sud. Dans ce paysage, trois pays africains pèsent lourd : l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Maroc, principaux producteurs et exportateurs du continent. Chacun affiche des atouts solides, mais tous doivent affronter des défis structurels majeurs.
L’Afrique du Sud s’impose comme le leader continental, désormais deuxième exportateur mondial derrière l’Espagne. Sa réussite repose sur un climat favorable, l’extension des superficies (+50 % en dix ans), une filière très structurée et une forte capacité d’innovation. Ainsi, en 2025, le pays a exporté un peu plus de 3 millions de tonnes, dopées par la demande en orange et citron à jus dans l’hémisphère Nord, où la production européenne connaît une longue pause entre mars et novembre.
Les ports sud-africains, modernisés, offrent un avantage logistique supplémentaire, tout comme la compétitivité prix liée aux faibles coûts de main-d’œuvre et à un taux de change favorable.
Cependant, Pretoria fait face à un choc commercial : la taxe de 30 % imposée par l’administration Trump sur ses agrumes, après l’accès préférentiel permis par l’Agoa (pour African Growth and Opportunity Act).Malheureusement, il y a aussi la Chine et l’Inde qui appliquent un droit équivalent, affaiblissant ainsi la compétitivité sud-africaine, écrit afrique.le360.com.
À ces contraintes s’ajoutent les défis structurels que sont le stress hydrique, le changement climatique, la dégradation des infrastructures et l’éloignement des grands marchés.
L’Égypte, longtemps deuxième exportateur mondial, recule sur la scène internationale au profit de l’Afrique du Sud. Le pays produit plus de 4,2 millions de tonnes d’agrumes, grâce à l’eau du Nil, des coûts très compétitifs et une main-d’œuvre abondante. Mais les exportations ont chuté de 12 % en 2025, notamment celles d’oranges (80 % des volumes exportés) détournées vers la transformation locale. Les industriels ont relevé les prix du marché intérieur afin d’alimenter les usines de jus, rendant l’export moins attractif. Et comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, ce virage stratégique a offert une fenêtre d’opportunité à la Turquie, au Maroc et à la Tunisie sur le marché européen, ajoute la même source.
Enfin, le Maroc, troisième pilier du continent, devrait produire 2,1 millions de tonnes d’agrumes cette année, grâce à des conditions climatiques plus favorables et à l’irrigation localisée. Ses exportations, estimées entre 580 000 et 600 000 tonnes, restent toutefois fragilisées par la sécheresse persistante qui frappe le pays depuis sept longues années. Stress hydrique, concurrence accrue de l’Égypte et de la Turquie, vieillissement des vergers et petits calibres difficiles à exporter pèsent sur la performance du secteur.
Malgré ces obstacles, les trois leaders africains demeurent des acteurs clés d’un marché mondial où la concurrence s’intensifie et où l’adaptation climatique devient un impératif stratégique.
Alors, agriculteurs tunisiens, vous savez ce qu’il vous reste désormais à faire.
L’article Le trio africain des agrumes face à la tempête est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.