Normale Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.
Ältere BeiträgeHaupt-Feeds

ECLAIRAGE – Tunisie 2025 : entre redressement fragile et défis structurels

12. November 2025 um 06:01

La Tunisie s’impose comme un exemple complexe de résilience dans un contexte mondial incertain. En dépit des turbulences géopolitiques et économiques qui secouent la planète, l’économie tunisienne semble s’en sortir, avec des signes de redressement. Toutefois, cette reprise reste teintée d’ambiguïtés : l’équilibre entre progrès et vulnérabilités reste précaire, et le pays doit encore faire face à des défis structurels de taille pour pérenniser son développement.

Les prémices d’une reprise tangible

Le tableau économique de la Tunisie pour 2025 présente plusieurs signaux encourageants. Le produit intérieur brut (PIB) affiche une croissance de 3,2 % au deuxième trimestre, un chiffre qui contraste avec les 1,4 % de l’année précédente.

Derrière cette performance se cachent des moteurs divers : la relance de l’agriculture, l’essor du tourisme, la reprise des industries manufacturières, et l’essor des services.

La baisse de l’inflation, passée de 6,7 % en septembre 2024 à 4,9 % en octobre 2025, est un autre indicateur rassurant. Cela témoigne d’une gestion efficace des tensions inflationnistes, fruit de la politique monétaire mise en place par la Banque centrale. Celle-ci a également allégé le coût du crédit en révisant son taux directeur à 7,5 %, une mesure qui soutient l’investissement.

Les indicateurs sont également positifs du côté des finances extérieures. Les transferts des Tunisiens de l’étranger et les recettes touristiques en hausse viennent renforcer les réserves de change, qui atteignent désormais 107 jours d’importation. Cette reprise reste cependant fragile, et les observateurs restent prudents : si les progrès sont réels, ils ne sont pas suffisants pour effacer toutes les incertitudes.

Une résilience mise à l’épreuve

Cette reprise, bien que notable, ne masque pas les fractures profondes de l’économie tunisienne. L’un des principaux défis réside dans la question du chômage. À 15,3 %, ce taux reste structurellement élevé et traduit un marché du travail déconnecté des dynamiques économiques positives. Pour résoudre cette problématique, il faudrait une croissance supérieure à 4,5 % par an, un objectif difficile à atteindre dans le contexte actuel.

La résilience tunisienne, qui se traduit par des exportations dynamiques, un afflux d’investissements directs étrangers (IDE) et une relance du tourisme, semble cependant concentrée sur le littoral. L’intérieur du pays, notamment les régions rurales et montagneuses, peinent à bénéficier de cette croissance. Ce clivage géographique des effets de la reprise soulève une question fondamentale : la croissance actuelle est-elle véritablement inclusive ?

Un autre point de friction réside dans la stagnation de la productivité. Le pays souffre d’un appareil administratif lourdaud et de procédures complexes qui découragent les investisseurs.

Abdallah Dardari, directeur régional du PNUD pour les pays arabes, plaide pour un choc de modernisation. Cela inclurait une simplification des démarches administratives, la digitalisation des services, le développement des compétences et, surtout, une intégration renforcée des nouvelles technologies. Ces réformes structurelles sont jugées essentielles pour libérer le potentiel productif de l’économie tunisienne.

L’émergence d’une économie verte : un espoir durable ?

Parallèlement à cette reprise conjoncturelle, un autre aspect devient de plus en plus central dans les discussions économiques : la transition vers une économie verte.

Dans un monde de plus en plus tourné vers les défis climatiques, la Tunisie pourrait trouver un levier stratégique en exploitant ses ressources naturelles pour se tourner vers des solutions énergétiques durables.

Le pays dispose en effet d’atouts considérables, notamment dans les énergies renouvelables, l’hydrogène vert, le biogaz et la valorisation des déchets.

Cependant, pour que cette transition devienne une réalité, il faudra plus qu’une prise de conscience écologique : elle nécessite un cadre institutionnel solide et des investissements massifs.

C’est là que la question de la gouvernance se pose à nouveau. L’absence de politiques claires et cohérentes pourrait limiter la portée de ces initiatives.

Le poids des écarts internationaux : un défi à surmonter

Si les indicateurs internes montrent des signes positifs, la place de la Tunisie sur la scène internationale reste préoccupante.

Dans l’indice mondial de risque et de résilience des investissements, la Tunisie se classe à une modeste 166ᵉ place, loin derrière des modèles comme Singapour ou les pays nordiques. Avec un score de risque élevé et une résilience jugée faible, la Tunisie demeure perçue comme vulnérable face aux chocs externes.

Ce classement révèle une double réalité : si les fondamentaux économiques sont en amélioration, la gouvernance, l’innovation et la productivité doivent encore être renforcées pour que la Tunisie puisse rejoindre les rangs des économies réellement résilientes. Il ne s’agit pas uniquement de résister aux crises, mais de se transformer pour en tirer parti.

Vers une résilience active : un modèle à repenser

Aujourd’hui, la résilience tunisienne ne se mesure plus à sa simple capacité de survie, mais à sa capacité à se réinventer. Dans un monde où la compétitivité est synonyme d’agilité et d’innovation, le pays doit amorcer une transition vers un modèle de croissance plus dynamique et durable.

Il est temps pour la Tunisie de passer d’une résilience défensive à une résilience proactive. Cela nécessite une refonte de son modèle productif, un investissement massif dans l’innovation, et un soutien sans faille à l’économie verte. La Tunisie a prouvé qu’elle savait tenir debout. Le défi consiste désormais à lui donner la capacité de courir.

C’est un chemin semé d’embûches, mais aussi riche de potentiels. La question qui se pose désormais n’est pas tant de savoir si la Tunisie pourra se redresser; mais comment elle saura transformer sa résilience fragile en une dynamique véritablement créatrice de valeur et d’opportunités durables.

 

===============================

* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain D’Economie Financière (IAEF-ONG)

L’article ECLAIRAGE – Tunisie 2025 : entre redressement fragile et défis structurels est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.

❌
❌