Le bâtonnier des avocats tunisiens, Me Boubaker Ben Thabet, a rendu visite aujourd’hui, mercredi 12 novembre 2025, au prisonnier politique Ridha Belhaj, à la prison de Siliana où il est incarcéré et a publié le post Facebook que nous traduisons ci-dessous.
«Je viens de rendre visite à mon collègue Me Ridha Belhaj, l’avocat auprès de la Cour de cassation et l’activiste politique, à la prison de Siliana où il est détenu. Il m’a informé qu’il observe une grève de la faim en solidarité avec le reste des détenus et pour protester contre les poursuites judiciaires dont il fait l’objet pour ses opinions et la privation de son droit d’assister à son propre procès, selon des procédures sans fondement légal. Au cours de ma visite, je lui ai fait part de ma solidarité et de mon soutien, ainsi que de ceux de tous mes collègues. Je lui ai fait part aussi de notre inquiétude pour sa santé et insisté pour qu’il continue de prendre les médicaments qui lui sont prescrits pour ses maladies chroniques. Il m’a assuré qu’il va le faire.»
Rappelons que Ridha Belhaj est poursuivi avec des dizaines d’autres prévenus dans le cadre du procès dit de complot contre l’Etat, qu’il a été condamné en première instance à 18 ans de prison et qu’il a annoncé, hier, avoir entamé une grève de la faim en solidarité avec les autres prisonniers politiques en grève de la faim, avant lui, dans diverses prisons, notamment Jawher Ben Mbarek, Issam Chebbi, Abdelhamid Jelassi et Rached Ghannouchi.
L’auteur, médecin tunisien installé en Afrique du Sud, étais à Tunis il y a trois semaines pour le lancement de mon premier roman ‘‘Sangoma, le guérisseur’’. Il est rentré profondément écœuré et même malade, pour avoir vu l’état dans lequel son pays se trouve aujourd’hui. Cette tribune est un véritable cri de colère et de lucidité.
Dr Hichem Ben Azouz *
Il est des mots qui claquent comme des gifles. «Gourbification». Mot inventé, brutal, presque vulgaire. Mais c’est le seul qui dit la vérité. La Tunisie se transforme en un grand gourbi. Pas seulement ses murs, ses trottoirs, ses plages. Tout. La ville, la morale, l’économie, la politique, la société, la terre. C’est une déchéance généralisée, une descente aux enfers que nous regardons, impuissants ou résignés.
Les villes tunisiennes ne sont plus des espaces publics, mais des poubelles à ciel ouvert. Trottoirs occupés par des étals sauvages, ronds-points envahis de plastique, plages rongées par les rats et les égouts. Tunis, jadis carrefour méditerranéen, ressemble aujourd’hui à une zone sinistrée. Les murs s’effritent, les routes se creusent, les façades s’écroulent. Nous vivons dans la laideur quotidienne, celle de nos rues jonchées d’ordures, de nos murs noircis, de nos trottoirs défigurés et le plus tragique, c’est que nous nous y habituons.
Peuple résigné, État fantôme
Nos jeunes rêvent d’ailleurs, même au prix de la noyade. Nos vieux survivent avec des pensions humiliantes. La solidarité s’est évaporée, remplacée par l’indifférence et la compétition pour un litre d’huile ou un kilo de sucre. Le voisin n’est plus frère mais rival. Nous avons accepté de vivre dans le médiocre. Nous appelons «maison» ce qui n’est qu’un gourbi.
Les gouvernants se succèdent, mais l’État se délite. Les institutions semblent tourner à vide, sans vision ni cap. Le pouvoir parle seul, sans écho. L’administration s’enlise dans l’improvisation et le clientélisme. La justice perd sa boussole, la peur s’installe comme mode de gestion, la corruption devient réflexe de survie. Tout paraît réduit à une économie du bricolage et du simulacre. On maquille les chiffres, on colmate les fissures, on attend que l’illusion tienne encore un peu.
Economie de la combine et société civile assiégée
Le travail ne paie plus. Produire ne sert à rien. L’économie est «gourbifiée», informelle, instable, pourrie. Le contrebandier a plus de valeur que l’agriculteur, le pistonné plus de chances que le qualifié. Le diplôme ne vaut rien, la compétence encore moins. Nous sommes devenus une société de magouilles, où tout s’achète, postes, faveurs, justice, dignité.
La société civile est harcelée, malmenée, affaiblie. Ses voix sont surveillées, ses espaces réduits, ses initiatives étouffées sous le poids de la suspicion. Pourtant, elle résiste à sa manière, dans les marges, dans les gestes du quotidien, dans la parole qui persiste malgré tout. Elle tient bon là où l’État vacille. Elle soigne, enseigne, éclaire, témoigne. Elle est ce souffle discret qui empêche le silence de tout recouvrir.
Terre martyrisée et «gourbification» mentale
La mer crache des égouts. Les nappes phréatiques sont pompées jusqu’à la sécheresse. Les forêts brûlent ou disparaissent sous le béton. Les collines sont éventrées par des carrières illégales. Jadis jardin de la Méditerranée, la Tunisie devient une décharge, un paysage d’abandon. Nous détruisons la terre comme nous avons détruit la décence.
Le pire n’est pas la saleté visible. Le pire est dans nos têtes. La «gourbification» est un état d’esprit. C’est accepter le désordre, tolérer la corruption, vivre dans la médiocrité. C’est se dire «ça ira» alors que tout s’effondre. C’est se résigner à survivre, sans horizon, sans rêve, sans projet.
Et pourtant, un souffle…
La Tunisie n’est pas morte. Elle dort dans ses fissures. Et le jour où elle se réveillera, ce seront les murs du gourbi qui s’écrouleront, pas elle.
Il reste des étincelles. Des jeunes qui refusent le naufrage. Des femmes qui se battent chaque jour pour leurs enfants. Des artistes qui peignent, chantent, écrivent et filment la colère. Des citoyens qui nettoient leur rue, qui refusent le fatalisme. La mémoire de la dignité n’est pas morte.
La «gourbification» est peut-être un coma. Et chaque peuple peut en sortir, s’il choisit de respirer à nouveau.
Alors oui, la Tunisie est aujourd’hui «gourbifiée». Mais tant qu’il restera des bras, des voix, des consciences éveillées, rien n’est perdu. Car un pays peut renaître de ses failles, comme la lumière jaillit des pierres.
Et l’espoir tient tout entier dans ce défi : transformer le gourbi en maison, la maison en cité, la cité en patrie digne.
Le président syrien par intérim Ahmed Al-Charaa est le premier président syrien depuis l’indépendance du pays à être reçu à la Maison-Blanche. Le pays du Levant longtemps partenaire stratégique de l’URSS puis de la Fédération de Russie change de camp et se positionne dans le giron américain. Le passé djihadiste du nouvel homme fort de la Syrie n’inquiète pas les Américains qui se réjouissent de ce revirement stratégique en leur faveur et font preuve comme souvent de pragmatisme, un pragmatisme partagé car Al-Charaa, soucieux de sauvegarder son pouvoir et de s’assurer les bonnes grâces de la première puissance mondiale qu’il combattait jadis, fait tout pour satisfaire l’Oncle Sam.
Imed Bahri
La revue américaine Foreign Policy a publié une analyse d’Alexandra Sharp dans laquelle elle affirme que la visite du président syrien à Washington acte un bouleversement de l’ordre régional.
Lundi 10 novembre 2025, le président Donald Trump a reçu Al-Charaa à la Maison Blanche marquant ainsi la première visite d’un président syrien à Washington depuis près de 80 ans. Cette rencontre entre le président américain et le nouveau maître de Damas représente une amélioration significative des relations avec ce pays autrefois ostracisé.
Il y a moins d’un an, les États-Unis offraient une récompense de 10 millions de dollars pour toute information permettant la capture d’Al-Charaa en raison de ses liens avec Al-Qaïda. Cependant, après le renversement du dictateur Bachar El-Assad en décembre dernier, lors d’une opération menée par des combattants fidèles à Al-Charaa, ce dernier a transformé son image et celle de la Syrie sur la scène internationale, se positionnant comme un allié potentiel de l’Occident et spécifiquement des États-Unis. La Syrie qui a été longtemps dans le camp anti-américain durant le règne de la famille Assad a effectué un revirement stratégique en se positionnant désormais dans le camp américain.
Le Conseil de sécurité de l’Onu a déjà levé certaines sanctions imposées à Al-Charaa et à des membres de son gouvernement, en vue d’une coopération internationale accrue.
«Un combattant au passé glorieux»
Après leur première rencontre en mai à Riyad, le président américain n’a pas tari d’éloge sur Al-Charaa, le décrivant comme un «homme fort» et «un combattant au passé glorieux». Al-Charaa espère exploiter cette image d’homme fort pour conclure un accord avec les États-Unis et obtenir la levée définitive des sanctions américaines contre la Syrie.
En 2019, Trump avait imposé des sanctions en vertu de la loi César pour punir Damas des violations massives des droits de l’homme commises sous le régime d’Assad. Mais en juin, il a levé ces sanctions par décret, invoquant la nécessité de donner au peuple syrien la possibilité de se reconstruire.
Lundi, Trump a semblé vouloir satisfaire les exigences d’Al-Charaa en annonçant que le Trésor américain lèverait la plupart des sanctions contre la Syrie, à l’exception de celles liées aux transactions avec la Russie et l’Iran. Cependant, Al-Charaa recherche une solution permanente, ce qui nécessiterait une loi du Congrès, et les législateurs américains semblent réticents à accéder à une telle demande à moins que Damas ne remplisse plusieurs conditions, comme la garantie du pluralisme religieux dans le pays et l’amélioration des relations avec Israël.
Sharp considère que la levée des sanctions américaines contre Damas est essentielle à la réintégration de la Syrie au sein du marché financier mondial.
Al-Charaa a quant à lui affirmé que les investissements étrangers sont indispensables pour renforcer le système de santé du pays et reconstruire ses infrastructures vitales, dévastées par treize années de guerre civile.
Le président syrien sollicite également des financements étrangers pour la reconstruction, dont le coût est estimé par la Banque mondiale à au moins 216 milliards de dollars.
Washington veut aussi tirer profit de son nouveau partenaire. Trump lui a demandé de rejoindre une coalition de 89 nations pour lutter contre l’État islamique (EI) qui demeure une menace réelle. On estime à 2 500 le nombre de combattants de l’EI toujours actifs en Syrie et en Irak.
Une Trump Tower à Damas
Trump espère également étendre les accords d’Abraham et normaliser les relations diplomatiques avec Israël, ce qui permettrait le déploiement de troupes américaines sur la base aérienne de Mezzeh et la construction de la Trump Tower en plein cœur de Damas.
Washington voit là une occasion de consolider une révision positive de l’ordre régional en intégrant pleinement la Syrie post-Assad à leur camp. Voir la Syrie, principal pays du Levant, dans le giron américain et prendre ses distances avec la Russie et l’Iran a toute son importance.
Le passé djihadiste de M. Al-Charaa n’est pas un problème pour M. Trump et pour les Américains qui sont connus par leur pragmatisme et ne sont animés que par la recherche permanente de leurs intérêts. De plus, le cas du nouveau dirigeant syrien ne constitue pas un précédent. Yasser Arafat, chef de l’Organisation de libération de la Palestine, était considéré comme un terroriste par les États-Unis. En devenant une figure clé des accords d’Oslo de 1993, il n’était plus perçu comme tel et a été intégré au sein de la communauté internationale. Passer du statut de paria à celui de fréquentable est tout à fait possible.
À part le revirement stratégique pro-américain, Washington ainsi que ses alliés dans la région souhaitent que Damas, sous la direction d’Al-Charaa, deviendra un partenaire dans la lutte contre le trafic de drogue qui a fait des ravages au sein de la jeunesse de nombreux pays voisins, faisant de beaucoup de jeunes des toxicomanes.
En définitive, les attentes sont grandes et seul l’avenir nous dira si la lune de miel va se poursuivre et jusqu’à quand?
Zoubair Baya, qui avait présenté sa démission de la présidence de l’Etoile sportive du Sahel depuis deux semaines, a officiellement annoncé avoir quitté ses fonctions à la tête du club de Sousse, a rapporté Mosaïque FM, ajoutant que la présidence sera désormais assurée par Foued Kacem.
Le bureau directeur de l’ESS se réunira, ce mercredi 12 novembre 2025, pour répartir les tâches et choisir un vice-président qui serait probablement Ahmed Gafsi, ajoute la même sources.
Au cours de la même réunion, une feuille de route pour la prochaine phase sera également élaborée pour sortir l’Etoile de la crise où il se morfond depuis plusieurs années.
Rappelons que Foued Kacem avait assuré l’intérim au cours des deux dernières semaines.
Un train transportant du phosphate a déraillé, mardi 11 novembre 2025, dans la région de Jebel Thalja (délégation de Métlaoui, gouvernorat de Gafsa). L’accident a coûté la vie à l’assistant du conducteur, qui est resté coincé dans la locomotive précipitée dans un ravin.
C’est ce qu’a indiqué à l’agence Tap le porte-parole de la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT), Hassene Miadi, ajoutant qu’un second membre de l’équipage, le conducteur du train, a été transféré dans une clinique privée de la région pour y recevoir les soins nécessaires. Son état de santé est jugé stable.
Selon la même source, l’accident s’est produit lorsque le train, composé de 35 wagons transportant environ 2 170 tonnes de phosphate, qui avait quitté la ville de Redeyef en direction de Métlaoui, a déraillé au niveau du point kilométrique 10.
Les causes du déraillement demeurent pour l’heure inconnues, en attendant les conclusions de l’enquête en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’accident.
Le directeur général d’une société pétrolière publique et trois autres cadres, dont un syndicaliste, ont été placés en garde à vue dans une affaire relative à des soupçons de corruption financière et administrative au sein de la même société.
C’est le ministère public auprès du Pôle judiciaire économique et financier qui a autorisé la brigade centrale de la Garde nationale d’El-Aouina de procéder à cette garde à vue, a rapporté Mosaïque FM ce mercredi 12 novembre 2025.
La première intervention chirurgicale robotique en chirurgie digestive en Tunisie a été réalisée hier matin, mardi 11 novembre 2025, à l’hôpital Charles Nicolle de Tunis. Il s’agissait de l’ablation de la vésicule biliaire d’une patiente de 38 ans.
L’opération, d’une durée de 45 minutes, a été menée avec succès par l’équipe médicale du service de chirurgie générale «B» dans le bloc opératoire de chirurgie robotique récemment mis en place à l’hôpital Charles Nicolle.
Dr Ramzi Nouira, chef du service de chirurgie générale « B » et superviseur de l’intervention, a déclaré que la chirurgie robotique représente l’avenir de la pratique chirurgicale. Il a souligné que la Tunisie est désormais passée de la chirurgie laparoscopique aux techniques robotiques modernes, ouvrant la voie à des interventions plus complexes et précises.
Dr Nouira a exposé les avantages de la chirurgie robotique : une plus grande précision, une réduction des saignements et une diminution des complications postopératoires, ajoutant que les interventions robotiques permettent également de réduire la durée d’hospitalisation, contribuant ainsi à désengorger les établissements de santé.
Le praticien a expliqué que le système robotique installé à l’hôpital Charles Nicolle est principalement utilisé pour des opérations auparavant réalisées par laparoscopie, ce qui ouvre la possibilité d’interventions délicates telles que des résections partielles du foie ou du côlon.
Dr Nouira a précisé que la Tunisie avait acquis ce système robotique auprès de la Corée du Sud dans le cadre d’un accord de coopération bilatérale. Une équipe médicale a suivi une formation de deux semaines dans ce pays asiatique, tandis qu’une équipe coréenne s’est rendue en Tunisie pour installer le dispositif et former le personnel médical et paramédical.
Le succès de l’intervention chirurgicale est le fruit d’un travail coordonné d’une équipe médicale et paramédicale pleinement intégrée, a souligné le médecin, en insistant sur le fait que le robot n’est qu’un outil perfectionné : «C’est le chirurgien qui contrôle le robot du début à la fin. L’importance du robot réside dans l’amélioration de la précision et de l’efficacité des interventions chirurgicales.»
La situation sécuritaire de la Tunisie est «relativement stable et s’améliore sensiblement» malgré les changements régionaux et mondiaux, a déclaré le ministre de la Défense, Khaled Sehili, soulignant la contribution des forces armées et de sécurité à travers des opérations proactives contre le terrorisme et le crime organisé.
S’exprimant lors d’une session parlementaire conjointe consacrée à la mission du ministère de la Défense nationale, M. Sehili s’est félicité des progrès constants en matière de sécurité, tout en relevant les défis posés par un contexte géopolitique marqué par l’incertitude, l’évolution rapide et la multiplicité des risques.
Le ministre a insisté sur l’importance pour les forces armées d’anticiper ces changements et de s’y adapter afin de maintenir un haut niveau de préparation et de répondre efficacement aux crises.
Il a noté que le budget du ministère a augmenté de 13 % par rapport à 2025, principalement pour équiper et renforcer la préparation des forces armées, reflétant les besoins géopolitiques de la Tunisie et la stratégie 2021-2030 du ministère.
M. Sehili a souligné que la protection des frontières, la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée transfrontalière demeurent des priorités absolues.
Les opérations en cours ont permis de neutraliser des mouvements terroristes, mais les menaces persistent, exigeant une vigilance constante de la part des services de renseignement et des unités sur le terrain.
Il a confirmé la poursuite des opérations militaires dans les régions du centre-ouest, avec une surveillance accrue des zones clés comme Chaambi, Sammama, Mghila, Salloum et Essif, afin d’empêcher les terroristes de s’y installer.
L’armée surveille également les frontières terrestres et maritimes afin de lutter contre la contrebande et les traversées illégales. De septembre 2024 à septembre 2025, les autorités ont intercepté 1 880 personnes tentant de franchir illégalement la frontière et saisi 360 véhicules de contrebande, 4 millions de paquets de cigarettes, 270 000 comprimés de drogue et 163 000 litres de carburant.
Lundi soir, les unités de la frontière sud ont intercepté des véhicules de contrebande et saisi 600 000 comprimés de drogue ainsi que d’autres produits sensibles.
La Marine a poursuivi ses patrouilles maritimes, luttant contre la contrebande, le terrorisme et le crime organisé, et a mené 113 opérations de sauvetage, sauvant ainsi 2 138 vies au large des côtes tunisiennes et voisines entre septembre 2024 et septembre 2025.
M. Sehili a également souligné les efforts de déminage, avec 191 opérations ayant permis de neutraliser 451 obus datant de la guerre et de détruire 98 mines dans les zones militaires, ainsi que les missions de lutte contre les incendies, avec 57 interventions menées à l’échelle nationale avec du personnel et du matériel militaires.
Enfin, il a déclaré que les propositions et recommandations parlementaires s’inscrivent dans les objectifs stratégiques des forces armées, notamment la lutte contre les menaces traditionnelles et non traditionnelles (terrorisme, criminalité transfrontalière, stupéfiants, contrebande, trafic d’armes et d’êtres humains), le développement des ressources humaines, le soutien au développement national, le renforcement de la coopération militaire internationale, la promotion de la recherche et de la production d’armements, ainsi que les réformes juridiques visant à améliorer les performances militaires et à répondre aux nouveaux défis.
Lancée récemment à Tunis, Afriways se présente comme une plateforme dédiée à la connaissance et à la compréhension des marchés africains. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique d’appui à l’internationalisation des entreprises tunisiennes vers les marchés africains.
Imaginée et portée par l’équipe de l’agence de communication Beyond Pictures, sous la direction de sa fondatrice et Ceo Manel Letaief Kanzari, Afriways est soutenue par le projet Qawafel , financé par AFD – Agence Française de Développement et mis en œuvre par Expertise France.
Elle a pour ambition d’informer, d’expliquer et d’inspirer les entrepreneur(e)s du continent. Grâce à des contenus dynamiques et à des témoignages concrets, elle rend l’information économique accessible et encourage une nouvelle génération d’entrepreneur(e)s curieux et ambitieux à mieux comprendre les dynamiques africaines.
Echange et intelligence collective
Pour son lancement, Afriways a inauguré un format inédit : Afriways Podcast Event, une série de quatre conversations croisées explorant les grands défis et opportunités des marchés africains.
Autour de Wafa Makhlouf, modératrice de l’événement, huit intervenants issus du monde de l’entreprise, de la finance et de l’innovation ont échangé sur quatre thématiques majeures : 1- Pourquoi les bailleurs misent-ils sur l’Afrique?; 2- Repenser notre rapport à l’Afrique; 3- Les marchés africains en mouvement; 4- Comment réussir… mais aussi comment échouer sur le continent ?
Mme Makhlouf a rappelé que l’Afrique «n’est pas une promesse lointaine, mais un véritable terrain de co-construction», soulignant que «ce qui change aujourd’hui, c’est notre manière de l’aborder : non plus comme un marché à conquérir, mais comme un écosystème à comprendre.»
Informer, vulgariser, motiver
Dans son mot d’ouverture, Manel Letaief Kanzari a présenté la philosophie du projet : «Celui qui maîtrise l’information, maîtrise le marché. Afriways veut rendre cette information claire, utile et accessible, pour que chaque entrepreneur africain puisse transformer son ambition en réussite.»
La plateforme s’articule autour de quatre volets : 1- Articles et actualités pour décrypter les enjeux économiques du continent; 2- Podcasts mettant en lumière des parcours d’entrepreneur(e)s inspirants ; 3- Vidéos de formation pour simplifier normes et processus ; et 4- Opportunités d’affaires pour connecter les entreprises aux marchés africains.
À terme, Afriways intégrera des outils d’analyse et d’intelligence artificielle pour aider les décideurs à agir de façon plus éclairée sur le continent.
Des partenaires engagés
Mazen Al Kassem, expert technique et chef de projet du programme Qawafel, explique : «Avec Afriways, nous soutenons une initiative qui met la connaissance et la coopération au cœur de la transformation économique africaine.»
Pour sa part, Abdou Samba, responsable de pôle à l’AFD, précise : «Pour l’AFD, l’enjeu n’est pas seulement de financer, mais aussi de renforcer la compréhension des marchés et la confiance entre acteurs.»
Lors de la conversation «Repenser notre rapport à l’Afrique», les intervenants ont souligné la nécessité de dépasser les clichés et de construire des ponts réels entre les acteurs.
Selon Dr Sofiene Darmoul, fondateur de la startup Inaya Santé, «sur le terrain, j’ai découvert une jeunesse connectée, pleine d’énergie et de volonté. Comprendre ces réalités est essentiel avant d’investir.»
De son côté, Mohamed Amine Zaghbib, directeur des opérations Afrique chez Exscape, observe que «les jeunes africains veulent être acteurs de l’innovation, pas de simples consommateurs. Nous partageons plus de points communs qu’on ne l’imagine.»
Une communauté en construction
Afriways s’adresse aux PME, startups innovantes et femmes entrepreneures, ainsi qu’aux institutions et bailleurs partenaires du programme Qawafel. Son objectif : informer, former et accompagner les entreprises dans leur développement à l’international.
Comme le rappelle Manel Letaief Kanzari, « Ce n’était qu’un premier regard sur un sujet aussi vaste que prometteur. L’aventure ne fait que commencer. »
L’initiative entend désormais fédérer une communauté d’entrepreneur(e)s autour d’une vision partagée : comprendre avant d’entreprendre, entreprendre avant de conquérir.
L’éminent historien Christian Cannuyer donnera une conférence sur le thème «Le culte d’Isis en Tunisie» ce jeudi 13 novembre à 15h00 au Palais Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Said.(Ph. Mahmoud Ben Abbes, Princesse Léa de Belgique et Christian Cannuyer).
La conférence, organisée par la Fondation Ben Abbes Stitching en collaboration avec l’ambassade de Belgique, sera marquée par la présence de son altesse royale la Princesse Léa de Belgique qui vient en Tunisie spécialement pour la circonstance.
Christian Cannuyer, né à Ath en 1957, historien et orientaliste, docteur en égyptologie, a enseigné ou enseigne encore à la Faculté de théologie de l’Université catholique de Lille, dans plusieurs institutions universitaires parisiennes (l’Institut catholique, l’Institut Chrétiens d’Orient et l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge) et à l’Université catholique de Louvain. Ses enseignements de prédilection sont l’égyptologie, l’histoire des Eglises d’Orient, l’histoire des religions, la langue copte, l’islamologie, domaines dans lesquels il a publié de très nombreux ouvrages et articles.
Président de la Société royale belge d’études orientales depuis 1994, Christian Cannuyer est aussi directeur de Solidarité-Orient/Werk voor het Oosten, une association d’aide aux chrétiens du Proche-Orient. Mais il est aussi très attaché à son terroir natal, en tant que secrétaire général du Cercle royal d’histoire et d’archéologie d’Ath.
Le culte d’Isis en Tunisie
Le culte de la déesse égyptienne Isis et de sa famille (Sérapis, Horus, Hermanubis, etc.) s’est répandu dans tout le bassin méditerranéen à l’époque hellénistique. Des égyptologues belges de la Fondation égyptologique Reine Élisabeth, que celle-ci a contribué à créer après avoir été l’une des premières à visiter le tombeau de Toutankhamon découvert en 1922, sont parmi ceux qui ont bien étudié le phénomène.
Si les noms propres formés sur ceux de divinités égyptiennes sont attestés dans l’onomastique punique de Carthage, aucune trace du culte local de ces divinités n’est attestée avant le 3e siècle av. J.-C.. Cela est probablement dû à la toute-puissance du culte de Baal-Hammon et de Tanit, qui ne laissait guère de place pour la dévotion à des dieux égyptiens. Mais après la première guerre punique, les insurgés de la révolte dite libyenne de 241-237 av. J.-C. semblent avoir promu le culte d’Isis, actuellement connu uniquement via des frappes monétaires, en l’instrumentalisant comme symbole de l’opposition aux Carthaginois.
Sur le plan archéologique, les temples ou monuments isiaques qui nous sont connus – à Carthage (Iseum et Sérapeum comparable à celui, très célèbre, de Sabratha, en Libye), Henchir El-Attermine (site de Tebura, ancienne cité romaine de Thuburbo Minus, à l’ouest de Tunis), El Jem (ancienne Thysdrus ou Thysdritania colonia) – ne remontent pas au-delà du 2e s. ap J.-C. : le matériel que ces sites ont fourni illustre la grande vitalité de ces cultes égyptiens dans l’espace tunisien actuel sous l’empire romain. Nous verrons que ce culte d’Isis a laissé des traces jusque dans le christianisme de l’ancienne province romaine d’Afrique et dans la tradition islamique.
La Fondation Ben Abbes
Mahmoud Ben Abbes, conseiller en diplomatie économique du Royaume de Belgique ainsi que plusieurs personnalités belges de premier plan ont mis en place la Fondation Ben Abbes Stichting dont l’objectif philanthropique consiste à contribuer à la consolidation des échanges scientifiques, pédagogiques, culturels et socio-économiques entre la Belgique et la Tunisie.
Une telle initiative privée lancée en 2022 est le couronnement de bons et loyaux services fournis par M. Ben Abbes en collaboration avec des personnalités belges de haut rang connus pour leur engagement envers la Tunisie et leur attachement à notre pays.
Cette initiative permet de développer davantage les bonnes relations entre la Belgique et la Tunisie, faciliter le dialogue des civilisations, et une meilleure compréhension entre les Hommes pour un meilleur vivre-ensemble.
En l’absence de négociations, d’inspection de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et dans un contexte de flou total concernant les stocks de matières nucléaires iraniennes, nombreux sont ceux qui, dans la région, craignent qu’une nouvelle guerre avec Israël soit inévitable. Les deux ennemis souhaitent en découdre. La République islamique souhaite prendre sa revanche après la guerre des 12 jours de juin dernier quant à Israël, il estime que la menace nucléaire iranienne n’est pas écartée. Également, le gouvernement Netanyahu n’a pas abandonné son objectif de faire tomber le régime islamiste. (Ph. Des manifestants à Téhéran ont commémoré mardi l’anniversaire de la prise d’assaut de l’ambassade américaine le 4 novembre 1979.)
Imed Bahri
Dans le New York Times, Steven Erlanger a averti, en se basant sur les informations de responsables et les analyses d’experts, qu’une nouvelle guerre entre Israël et l’Iran n’est plus qu’une question de temps, compte tenu de l’échec des négociations nucléaires et de l’absence de tout contrôle international sur le programme nucléaire iranien.
2 000 missiles simultanément sur Israël
Le journal révèle une intensification des préparatifs militaires des deux côtés. «Les usines iraniennes de missiles fonctionnent 24 heures sur 24», a déclaré Ali Vaez, directeur du projet Iran au sein de l’International Crisis Group, indiquant que des responsables iraniens lui avaient confié que «l’Iran se prépare à lancer 2 000 missiles simultanément sur Israël lors du prochain conflit afin de saturer les défenses israéliennes», lui qui n’en a lancé que 500 lors des affrontements de juin dernier.
«Israël estime que la mission n’est pas encore accomplie et ne voit aucune raison de ne pas reprendre le conflit. C’est pourquoi l’Iran redouble d’efforts pour préparer la prochaine confrontation», a ajouté M. Vaez, laissant entendre qu’une nouvelle guerre entre les deux pays est inéluctable.
Le journal américain indique, de son côté, que le précédent accord nucléaire avait pris fin et que les sanctions américaines avaient été rétablies. L’Iran posséderait suffisamment d’uranium pour fabriquer 11 armes nucléaires mais l’emplacement de ce stock reste incertain. Téhéran prétend qu’il a été enfoui sous les décombres après les frappes américaines, tandis qu’Israël allègue qu’il a été déplacé vers des sites secrets.
L’Iran poursuit également le développement d’un nouveau site d’enrichissement d’uranium, surnommé «Pickaxe Mountain», et Téhéran refuse l’accès aux inspecteurs internationaux.
Le journal américain a cité la déclaration du directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, au Financial Times, selon laquelle la majeure partie du stock d’uranium iranien existe toujours, l’estimant à environ 400 kilogrammes d’uranium enrichi à 60%, un niveau très proche de celui nécessaire à la fabrication d’armes nucléaires.
Le NYT cite aussi Suzanne Maloney, de la Brookings Institution, affirmant que «l’Iran est plus faible qu’auparavant mais cela pourrait le rendre plus dangereux car il pourrait agir de manière désespérée».
Hisham Hellyer, expert au Center for American Progress, estime pour sa part qu’Israël souhaite endiguer le programme nucléaire iranien et, comme il est peu probable que cela aboutisse par la négociation, il pourrait frapper à nouveau. Il précise, en outre, que les Iraniens sont occupés à reconstruire mais une fois qu’ils auront franchi une certaine ligne, Israël les attaquera de nouveau.
Une nouvelle confrontation est inévitable
Le NYT rapporte, par ailleurs, que certains responsables iraniens souhaiteraient parvenir à un accord avec le président américain Donald Trump, justifiant cette position par l’impact des sanctions sur le pays et arguant que toute résistance supplémentaire profiterait à Israël et pourrait affaiblir le gouvernement iranien sous la pression populaire.
Cependant, d’autres responsables iraniens prônent la confrontation, ne voyant aucun intérêt à dialoguer avec M. Trump, qui s’est retiré de l’accord nucléaire de 2015 et a exacerbé la colère de l’Iran en bombardant les installations nucléaires iraniennes.
Le journal estime que les deux camps considèrent une nouvelle confrontation avec Israël comme inévitable, comme l’explique Ali Vaez: «C’est pourquoi le pays intensifie ses préparatifs pour la prochaine étape et souhaite instaurer un nouvel équilibre des forces qui dissipe l’impression de faiblesse iranienne».
Par ailleurs, le NYT note que les principaux États arabes tentent d’empêcher le déclenchement d’une nouvelle guerre régionale. Ils souhaitent collaborer avec M. Trump afin de limiter l’influence d’Israël qui ambitionne de devenir une puissance hégémonique régionale après avoir dévasté Gaza, le Hamas et le Hezbollah et affaibli l’Iran. Les responsables arabes encouragent la reprise des négociations nucléaires entre l’Iran et les États-Unis mais avec peu d’optimisme pour le moment.
Cette enquête dresse un tableau sombre du Moyen-Orient à la veille d’une nouvelle confrontation entre Israël et l’Iran sans négociations, sans supervision internationale, sans confiance mutuelle, seulement une course aux armements nucléaires et balistiques qui s’accélère et des calculs de représailles qui rendent la prochaine guerre plus imminente que jamais. L’ère de la paix et de la prospérité que promet Donald Trump n’est pas pour demain…
Le projet Pampat2 (Seco/Onudi) vient de diffuser une nouvelle vidéo intitulée «Les dérivés des dattes, entre héritage et innovation», disponible sur sa chaine YouTube officielle. Cette vidéo promotionnelle vise à valoriser l’offre tunisienne de dérivés de dattes, soulignant la diversité de ces produits qui vont des produits alimentaires comme la poudre, les pâtes à tartiner, le sirop et le vinaigre, jusqu’aux applications cosmétiques.
La filière tunisienne des dérivés de dattes est un secteur reconnu pour sa forte valeur ajoutée, positionnant la Tunisie comme un exportateur majeur de ce produit de plus en plus recherché sur les marchés internationaux pour ses bienfaits pour la santé.
Soutenue par une norme technique, la poudre de dattes tunisienne, perçue comme un substitut sain au sucre, connaît un succès croissant sur les marchés étrangers, en particulier aux États-Unis, en Allemagne et en France.
Produits à forte valeur ajoutée
La participation aux salons internationaux comme Sial, Anuga et FIE ainsi que les missions BtoB organisées en collaboration avec le Cepex non seulement en marge des salons mais également en collaboration avec les ambassades de Tunisie à l’étranger, en Norvège, en Suède et en Italie, ont permis de positionner les produits dérivés de dattes comme des produits à forte valeur ajoutée dans l’industrie agro-alimentaire grâce notamment à leurs bienfaits pour la santé.
Plusieurs expos-ventes et événements gastronomiques ont également été organisés en Tunisie pour promouvoir davantage cette gamme de produits qui ne cesse de se développer auprès du consommateur tunisien.
La filière a généré plus de 2 300 emplois, avec une proportion élevée de 80 % pour les femmes, ce qui souligne l’impact social de ce secteur.
Riche d’un savoir-faire ancestral, la Tunisie ambitionne aujourd’hui de se positionner comme le leader dans la production des produits dérivés de dattes, un produit innovant qui répond à une demande croissante des marchés internationaux.
La vidéo, d’une durée de 4 minutes 34’ permet de mettre en lumière les différentes phases de développement des produits dérivés de dattes, les multiples utilisations ainsi que leurs impacts économiques. Elle met également en avant les actions menées pour promouvoir la diversité et la qualité de la gamme. La vidéo est accessible via ce lien.
Depuis 2020, la filière reçoit l’appui du Projet d’accès aux marchés des produits agroalimentaires et de terroir (projet Pampat2), mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) avec le financement du Secrétariat d’État à l’Économie Suisse (Seco) en étroite collaboration avec le Groupement interprofessionnel des dattes (Gidattes), la Direction générale des industries alimentaires au ministère de l’Industrie et le Centre de promotion des exportations (Cepex).
Le nombre d’activistes politiques en grève de la faim dans les prisons tunisiennes augmente jour après jour, traduisant un désespoir face à des juges qui n’en finissent pas de juger, de condamner et d’allonger les peines infligées à des prévenus qui ont la malchance de comparaître devant eux.
Ridha Kefi
Après Jaouher Ben Mbarek, dont l’état de santé s’est gravement dégradé, selon ses avocats et sa famille, après deux semaines sans manger et sans boire, c’est Issam Chebbi, Abdelhamid Jelassi et Rached Ghannouchi qui sont entrés en grève de la faim. Tous dénoncent ce qu’ils considèrent comme des procès politiques iniques visant à les écarter de la scène politique, et accusent la justice d’être devenue un instrument aux mains du pouvoir exécutif pour faire taire toute opposition.
La possibilité que d’autres prisonniers politiques et d’opinion, parmi les dizaines incarcérés et poursuivis en justice, fait craindre une détérioration de l’atmosphère générale dans le pays, qui est déjà très tendue, même si les médias nationaux n’en rendent pas compte, se disant muselés eux aussi.
Cependant, les échos de ces grèves de la faim dans les médias et l’opinion internationaux sont dévastateurs pour l’image de la Tunisie et la réputation du régime qui y est en place.
Sonia Dahmani, photographiée de dos, aujourd’hui, au tribunal. Photo diffusée par sa soeur Ramla Dahmani Accent sur sa page Facebook.
Comparaissant aujourd’hui, mardi 11 novembre 2025, devant le tribunal, pour la énième fois et pour un énième procès, l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, condamnée à de lourdes peines pour des déclarations médiatiques, a pleuré, pour la première fois, devant ses juges, et déclaré, abattue et désespérée : «Je veux rentrer chez moi.»
C’est ce qu’a rapporté ce matin sa sœur Ramla Dahmani Accent dans un post Facebook. Difficile de rester insensible à un tel cri de désespoir d’une grande dame que les Tunisiennes et les Tunisiens ont longtemps portée (et portent encore pour beaucoup d’entre eux) dans leur cœur.
Sans nous immiscer dans le fonctionnement de la justice ni émettre un avis sur le fond des procès intentés contre des opposants, cette situation où l’actualité politique du pays se résume à une interminable chronique judiciaire ne saurait durer davantage sans nuire durablement à sa stabilité intérieure et à sa crédibilité au regard de ses partenaires.
Si la Tunisie ne parvient pas à se relancer sur le plan économique et à renouer avec la croissance, le problème réside en grande partie dans l’absence de confiance à l’intérieur, l’incertitude qui règne dans les cœurs et les esprits, et, surtout, l’image négative qu’elle projette à l’étranger, et qui n’aide pas à l’impulsion de l’investissement et à la création de richesses.
Bref, pour sortir de l’impasse où elle s’est engouffrée depuis 2011, la Tunisie a besoin d’apaisement, de dialogue et d’ouverture, surtout à l’intérieur, où règne comme une atmosphère d’incompréhensions, de malentendus et de rejets réciproques, que traduit la «guerre civile» larvée dans les réseaux sociaux, où tout le monde s’en prend à tout le monde dans une effusion de haine partagée.
La récente déclaration de la Première ministre devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) selon laquelle le dinar tunisien et la monnaie la plus forte d’Afrique a donné lieu à beaucoup de controverses et a interpellé tous les Tunisiens, qu’ils soient économistes, experts ou de simples citoyens. Qu’en est-il vraiment ? Quelle est la différence entre valeur nominale et valeur réelle d’une monnaie ? Comment se déterminent les taux de change d’une monnaie ? Quelle est la marge de manœuvre réelle de la Banque centrale de Tunisie (BCT), etc. Autant de question auxquelles l’auteur, économiste universitaire et expert international, répond par une approche qui a au moins le mérite d’être didactique et pédagogique.
Sadok Zerelli *
Dans l’actualité économique actuelle, marquée par de vifs débats sur le Projet de Lois des Fiances pour l’année 2026 (PLF2026), tout observateur relève la multiplication des déclarations optimistes, voire triomphalistes, faites par plusieurs membres du gouvernement, et qui sont destinées, à mon sens, à faire avaler à l’opinion publique la pilule de l’augmentation de plusieurs taxes et la création de nouvelles, ni plus ni moins.
Cela va de la «fake news» de l’agence de presse officielle Tap qui annonce officiellement que la Tunisie a remboursé 125% de l’encours de sa dette extérieure pour l’année 2025, ce que des sources du FMI ne confirment pas, aux déclaration du gouverneur de la BCT durant les assemblées annuelles de BM et du FMI à Washington qui évoque «la résilience de l’économie tunisienne» et «la capacité de la Tunisieà maintenir une croissance durable» (voir mon article : «Embellie de l’économie de la Tunisie : le vrai du faux») à la déclaration récente de la cheffe du gouvernement devant L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et le Conseil national des régions et des districts (NRD) selon laquelle «le dinar tunisien est la plus forte monnaie en Afrique par rapport au dollar américain, malgré que le pays ne bénéficie ni de ressources pétrolières, ni d’exportation à forte valeur ajoutée à l’instar de certains pays de la région.»
Une telle déclaration laisse sous-entendre que le pouvoir d’achat du dinar et le niveau de vie de Tunisiens sont les plus élevés d’Afrique, ce que les millions de Tunisiens qui ont des difficultés à joindre les deux bouts et dont le niveau de vie ne cesse de se détériorer d’une année à l’autre ne sont pas près de confirmer. Elle interpelle aussi les économistes et experts internationaux qui suivent de près l’évolution de la conjoncture économique en Tunisie et ailleurs.
Sans vouloir mettre en cause l’honnêteté intellectuelle de la cheffe du gouvernement, à mon avis une brave femme dont on ne peut que saluer le courage d’avoir accepté cette responsabilité dans un contexte aussi difficile et incertain que traverse le pays et qui se trouve coincée entre un super président qui lui dicte le moindre de ses faits et gestes et un gouvernement qu’il lui a imposé et qui obéit au doigt et à l’œil aux instructions venues du palais, il n’en demeure pas moins que ce genre de déclaration peut tromper l’opinion sur la santé réelle de notre économie et la stabilité de notre monnaie et constitue de mon point de vue ce que j’appelle dans plusieurs de mes articles un «mensonge scientifique», car basé sur une fausse interprétation des chiffres, qui eux, sont bien réels (voir dans Kapitalis : «Les chiffres officiels, une forme de mensonge scientifique»).
Ainsi, dans le cas d’espèces, Mme la cheffe de gouvernement s’est basée à priori dans sa déclaration sur le classement publié par «Forbes Currency Calculator» et relayé par «Business Insider», selon lequel le dinar tunisien s’est hissé au premier rang des monnaies les plus fortes d’Afrique en septembre 2025.
Toute la question est donc de savoir comment se détermine la valeur d’une monnaie et si les taux de change officiels reflètent bien cette valeur
Pour y répondre, je vais adopter l’approche la plus didactique et pédagogique possible, afin de contribuer un tant soit peu à élever la culture économique générale du public tunisien qui, il faut bien l’admettre, en a bien besoin.
La valeur d’une monnaie
Historiquement et pendant des siècles, la valeur d’une monnaie était déterminée par la quantité d’or qu’elle permet d’acquérir et le volume de pièces de monnaie qu’un prince est autorisé à frapper dans un pays était directement lié au volume des réserves en or détenues par les autorités de ce pays
Ce système monétaire international qu’on appelle «le système d’étalon-or» s’est effondré lors du Crash de 1929 qui a abouti à de graves récessions économiques dans tous les pays industriels, accompagnées d’hyper inflation et de chômage massif, et qui est l’une des causes principales du déclanchement de la deuxième guerre mondiale en 1939
Les pays vainqueurs de celle-ci, menés par les Etats-Unis, se sont réunis en 1944 à Bretton Woods et ont mis en place un nouveau système monétaire international, appelé «système de change-or» selon lequel seul le dollar américain est défini par rapport à l’or selon une parité fixe d’une (une once d’or = 36 USD) et toutes les autres monnaies du monde sont reliés au dollar suivant un taux de change fixe, donc indirectement relié à l’or.
Ce système qui accordait aux Etats-Unis un avantage exorbitant dans le sens où ils étaient le seul pays au monde à pouvoir se procurer autant de dollars qu’ils le veulent sans avoir à exporter davantage de marchandises au reste du monde ou d’acquérir davantage d’or, s’est effondré en 1971, lorsque Charles de Gaule a demandé la conversion en or de toutes les réserves de dollars détenues par la Banque de France, ce que le FED (Banque centrale américaine) ne pouvait pas satisfaire, ayant noyé le monde de dollars, notamment pour financer les guerres de Corée et du Vietnam. Le président américain de l’époque, Richard Nixon, n’a pas eu d’autres choix que de décréter unilatéralement la fin de la convertibilité du dollar en or.
Depuis, le monde est entré dans un système de changes flexibles où, toutes les monnaies, y compris le dollar, sont «fiduciaires» c’est-à-dire qu’elles tirent leur valeur de la confiance des opérateurs économiques dans les économies des pays qui l’ont émises. Dans ce nouveau système monétaire qui est toujours en vigueur, l’or monétaire (diffèrent de l’or commercial pour fabriquer des bijoux ou certains composants électroniques) continue à jouer un rôle mais uniquement comme valeur refuge pour certains spéculateurs et investisseurs en vue de se prémunir contre de fortes dépréciations des devises qu’ils détiennent (actuellement, l’once d’or a dépassé les 4000 USD !).
Toujours est-il que selon le système monétaire actuel, la valeur d’une monnaie se définit comme étant «la quantité de biens et services qu’une unité monétaire permet d’acquérir», ce que les économistes appellent «le pouvoir transactionnel» d’une monnaie. Celle-ci dépend en premier lieu du niveau général des prix et de la confiance des agents économiques intérieurs et extérieurs dans les capacités de croissance et de création de richesses de l’économie de ce pays, ainsi que de la capacité des autorités monétaires à maîtriser l’inflation et défendre le pouvoir d’achat et la parité de leur monnaie.
Le taux de change est-il un bon indicateur de la valeur d’une monnaie ?
Le taux de change est le prix à payer en une certaine monnaie pour acquérir une unité d’une autre monnaie. Tout comme pour le prix d’un baril de pétrole ou d’un kilogramme de tomates ou de tout autre produit, il est déterminé par la confrontation de l’offre et de la demande de cette monnaie sur le marché des changes.
Si la demande de monnaie nationale s’accroît, par exemple pour convertir des devises reçues suite à un accroissement des exportations de biens ou de services ou d’un nouvel emprunt ou don extérieurs, toutes choses égales par ailleurs, son cours s’apprécie ou augmente. Inversement, si c’est la demande de devises qui s’accroit, par exemple pour faire face à des importations supplémentaires ou rembourser un emprunt extérieur, toutes choses égales par ailleurs, le cours de la monnaie nationale se déprécie ou baisse.
Globalement, il apparaît que la variable déterminante en matière de taux de change est le solde de la balance des paiements (égal au solde la balance commerciale + les recettes touristiques + les virements reçus des nationaux expatriés + les nouveaux emprunts extérieurs ou dons contractés- les encours en principal et intérêts des emprunts extérieurs remboursés).
Dans certains pays à devises fortes et convertibles, il arrive que les banques centrales interviennent sur les marchés de change pour soutenir leurs monnaies en offrant d’acheter ou de vendre leurs propres monnaies si elles jugent que les taux de change fixés par le marché sont défavorables à leur économie.
Malheureusement, le dinar tunisien n’étant pas convertible, notre BCT ne peut pas recourir à de telles pratiques : elle ne peut pas acheter des devises en payant par des dinars qu’aucun opérateur extérieur n’accepterait et les maigres réserves de devises qu’elle détient sont destinées à faire face au paiement de nos importations et au remboursement des échéances des crédits extérieurs, avec un solde de sécurité d’à peine trois mois d’importation (105 jours actuellement).
A la lumière de ces explications, il apparaît clairement que s’attribuer les mérites d’une stabilisation relative du dinar par rapport aux principales devises, comme le font souvent les responsables de la BCT, et l’imputer même à «l’efficacité de sa politique monétaire», comme l’a déclaré son gouverneur à Washington, relève tout simplement d’une manipulation de l’opinion publique, qui ne maîtrise pas ces questions techniques.
Les déterminantstaux de change
Ils sont au nombre de trois :
Le solde de la balance des paiements : le déficit de notre compte courant est réel et structurel : la Tunisie importe plus de biens et services (et rembourse les échéances de la dette extérieure) qu’elle ne reçoit. Ainsi, durant les neuf premiers mois de 2025, le déficit commercial a atteint –16 728 millions de dinars, contre -13 497 millions de dinars sur la même période en 2024, soit une augmentation de +23,9%. Le taux de couverture (exportations / importations) décline également, baissant à 73,5 % à fin septembre 2025 contre 77,5 % un an auparavant (voir mon article : «Embellie de l’économie de la Tunisie : le vrai du faux»).
Le différentiel de taux d’inflation : en matière d’inflation, ce qui compte le plus ce n’est pas tellement la valeur absolue de l’inflation enregistrée dans un pays, mais le différentiel d’inflation par rapport aux pays partenaires de son commerce extérieur. Par exemple, enregistrer un taux d’inflation de 4,9%, comme cela fût le cas en Tunisie au mois d’octobre 2025, ne serait pas si grave si les pays européens avec qui nous réalisons près de 70% de notre commerce extérieur enregistrent un taux d’inflation de même ordre ou supérieur. Le problème est que le taux d’inflation moyen observé actuellement dans les pays européens s’élève à 2,1%, ce qui impliquera, toutes choses égales par ailleurs, une perte de compétitivité de nos produits et une dépréciation de notre monnaie de la différence, soit 2,8%.
Le déficit budgétaire : Le PLF2026 prévoit un déficit budgétaire de 11,015 milliards DT, soit 4,9% du PIB, un taux largement supérieur à la norme internationale en matière de bonne gestion des finances publiques, qui s’élève selon l’UE, à 3% du PIB (critère de Maastricht). Plus grave encore, en vertu de l’article 12 de cette LPF2026, la totalité de ce déficit budgétaire sera financé par la BCT sous forme de facilités de trésorerie à accorder sans intérêt au Trésor, remboursables sur 15 ans, dont 3 ans de grâce. C’est ce qu’on appelle le mécanisme de la planche à billet qui est un processus hautement inflationniste puisqu’il consiste à créer, par un simple un jeu d’écriture comptable sur le compte du Trésor détenu à la BCT, une nouvelle quantité de monnaie sans aucune contrepartie réelle (accroissement de la production ou des exportations ou des flux invisibles). Un tel déficit budgétaire et surtout un tel mécanisme de son financement créeront sans aucun doute une pression inflationniste qui tirera la valeur du dinar vers le bas.
Par rapport à ces trois variables macroéconomiques explicatives du taux de change du dinar, tous les clignotants sont au rouge et la BCT, dont le rôle se réduit à tenir les comptes de la balance des paiements et à enregistrer les entrées et sorties de devises, n’y pourra rien, à moins de réformes structurelles de note économie.
Valeur nominale versus valeur réelle du dinar
C’est la question de fond que soulève la déclaration de la cheffe du gouvernement devant l’ARP et qui est de nature à induire en erreur l’opinion publique.
La valeur nominale est le taux de change officiel exprimé en équivalent dinars pour un USD. Actuellement, il est de l’ordre de 3 TND (plus exactement 2,9189 TND au 30 octobre 2025, source BCT). Il dépend de de la divisibilité de l’unité monétaire adoptée par chaque pays. Par exemple un dollar US vaut environ 130 dinars algériens, 10 dirhams marocains, 5 dinars libyens, 60 naitras nigériennes, etc. Dans ce sens, Mme la cheffe du gouvernement n’a pas menti en disant que la valeur nominale du dinar est supérieure à celle de toutes les autres monnaies en Afrique.
Là, elle se trompe (involontairement, n’étant pas une économiste ?) et risque d’entraîner toute l’opinion publique avec elle, c’est lorsqu’elle en déduit que le dinar est la monnaie la plus forte d’Afrique.
En effet, il y a une différence de taille entre la valeur nominale et la valeur réelle d’une monnaie. Pour s’en rendre compte, il suffit d’exprimer le taux de change non pas en dinars, mais en millimes qui est la véritable unité de compte monétaire en Tunisie : exprimé ainsi, un USD vaut 3000 millimes, ce qui ramènerait la Tunisie en bas du classement africain par valeur nominale.
En fait, et comme expliqué plus haut, la valeur réelle d’une monnaie se mesure par son pouvoir d’achat qui dépend du niveau général des prix. Si une bouteille de Coca-Cola coûte 3 dinars en Tunisie (soit environ un dollar) et que la même bouteille coûte 5 dirhams marocains (soit environ un demi dollar), alors le dirham marocain a une valeur réelle plus forte même si la valeur nominale du dinar est plus élevée. Ce sont des évidences qui n’échappent pas à l’opinion publique qui n’est pas dupe. De sorte que, les déclarations de la cheffe du gouvernement ne trompent personne et ne font que nuire davantage à la crédibilité des discours officiels.
Le dinar tunisien face au dollar américain
Ce qu’il faut retenir, et que Mme la cheffe du gouvernement s’est bien gardée de mentionner, est que le dinar tunisien a perdu 50% de sa valeur en 10 ans, soit depuis 2015 (1USD=1,95 TND, contre 2,918 actuellement).
Ceci étant, il est vrai que l’année 2025 a enregistré une stabilité, toute relative d’ailleurs, du dinar face au dollar : le taux de change a oscillé en 2025 de 2,856 TND, son niveau le plus bas à 3,037 TND, son niveau le plus élevé, contre 2,918 actuellement.
Tout en se félicitant de cette stabilité relative, comme tous les Tunisiens, il est de mon devoir d’économiste de faire remarquer qu’une telle stabilité relative du dinar n’est pas due à de meilleurs performances de l’économie tunisienne (davantage d’exportations, baisse du déficit commercial, baisse du déficit budgétaire, etc., ce que les chiffres ne confirment pas) comme le laisse entendre la déclaration de notre cheffe de gouvernement devant l’ARP, ou à l’efficacité de la politique monétaire, comme l’a proclamé le gouverneur de la BCT dans son discours à Washington, mais à une conjoncture internationale particulièrement favorable qui s’est traduite par une baisse du dollar simultanément à une baisse du cours international du pétrole (autour de 60 USD). De sorte que s’il faut remercie quelqu’un pour le bon comportement du dinar face au dollar en 2025, 2025, ce n’est pas la cheffe du gouvernement pour le succès de la mise en œuvre la stratégie du «compter sur soi» du président Kais Saïd, ni le gouverneur de notre BCT pour l’efficacité de sa politique monétaire, mais bien Trump qui applique une politique délibérée de baisse du dollar pour réduire le déficit du commerce extérieur des Etats-Unis et de baisse du prix du pétrole pour réduire la capacité de la Russie à financer la guerre d’Ukraine.
En gros, ce n’est pas le dinar qui s’est maintenu ou apprécié face au dollar, grâce à de meilleures performances de notre économie en 2025, comme l’affirme notre Première ministre, mais c’est le dollar qui s’est déprécié face à toutes les monnaies du monde, y compris le dinar. La nuance est de taille même si le résultat est le même.
La meilleure conclusion à cet article est peut-être de rappeler que l’illustre homme politique et président de la République Française, Jacques Chirac, a eu l’honnêteté intellectuelle de déclarer publiquement «qu’en politique, la parole n’engage que ceux qui y croient»). Certes, on ne demande pas autant à nos hommes politiques, mais de grâce, ne prenez pas les Tunisiens, en particulier les économistes d’entre eux, pour ce qu’ils ne sont pas.
Sans un minimum de courage politique et de franchise pour dire la vérité aux Tunisiens, le discours politique n’est plus crédible et l’opinion publique n’a plus confiance dans ses gouvernants. C’est la survie du régime politique de Kais Saïd qui est en jeu.
Avec les guerres au Moyen-Orient, l’assassinat de Charlie Kirk, ou les timides petits postes et «stories» que je vois en ce moment sur le Soudan (toutes ces causes méritent l’attention et tout drame mérite compassion, sans échelle de valeur), les réseaux sociaux, Instagram en tête, sont devenus la caisse de résonnance des pensées les plus pauvres. Le théâtre d’un bavardage passionné s’éparpillant dans tous les sens, et qui ne sert à rien.
Youssef Bouanani *
Depuis la signature du cessez-le feu à Gaza, le 10 octobre 2025, j’ai constaté un «retour à la normale» des militants 2.0 sur internet. Déjà que durant l’été, les posts et «stories» sur la plage et en train de faire la fête ont pris une part importante dans le flux journalier des photos et vidéos atroces de personnes tuées, éventrées ou décapitées, depuis la mi-octobre, je ne vois plus l’effervescence des derniers mois de la part des nouveaux militants du 21e siècle. Attention, je ne cherche pas à verser dans un «takfirisme» moral qui consisterait à nier la sincérité de leur position; je m’interroge plutôt sur la profondeur et la constance de leur ferveur, une fois la tendance, ce «trend» éphémère et bruyant nourri de visibilité instantanée, consommé.
Je n’ai jamais été un militant et je ne compte pas le devenir, mais dans mes lectures d’adolescent passionné de politique, j’ai appris le modèle militant avec des personnages comme Robespierre, Proudhon, Charles Mauras, Lénine, De Gaulle, Che Guevara, Castro, Bourguiba, Nasser, et tant d’autres. Des hommes animés par une foi inébralable dans leur cause, jamais à court de mots, de slogans ou d’actions pour faire avancer leurs idées. Un panache hors du commun qui donnait naissance à des révolutions. Un style particulier faisant qu’ils étaient suivis par des masses entières et arrivaient à faire ce que tant d’autres avant eux pensaient impossible d’accomplir. Malheureusement, l’injustice et les malheurs dans le monde deumeurent, mais je crains bien que des caractères comme ces gens-là n’existent plus.
Je vais m’abstenir de faire du «Gen z bashing» ou de simplement dire que c’était mieux avant. Avant quoi ? Avant internet, avant que la télé ne devienne en couleurs, avant mai 68, avant l’invention du «chocolat Dubaï»..? Trop facile les discours de comptoir qui jettent le tort sur tout et n’importe quoi. Je pense plutôt que c’est un mal d’antan, le mal du vide; amplifié par l’époque et les réseaux sociaux, et qui touche ma génération plus que les autres. Ceci a pour résultat de transformer le militantisme d’un don de soi à la cause, à un don de la cause pour soi. Je m’explique.
Les pensées les plus pauvres
Avec les guerres au Moyen-Orient, l’assassinat de Charlie Kirk, ou les timides petits postes et «stories» que je vois en ce moment sur le Soudan (toutes ces causes méritent l’attention et tout drame mérite compassion, sans échelle de valeur), les réseaux sociaux, Instagram en tête, sont devenus la caisse de résonnance des pensées les plus pauvres. Le théâtre d’un bavardage passionné s’éparpillant dans tous les sens, et qui ne sert à rien. Il n’y a rien de plus nuisible à une cause que l’écart entre le discours et le geste.
Particulièrement depuis octobre 2023, pour beaucoup de jeunes sur les réseaux, militer est un plaisir. Le plaisir de se sentir appartenir à un groupe, d’avoir l’impression de défendre une cause qui semble juste, souvent sans comprendre ses fondements, ou bien même si elle est fondée.
Dans ce militantisme jeune, et par défintion immature, on milite doucement dans la pratique, fort sur les réseaux. On milite entre deux soirées de fêtes, deux séances de shoping, deux passages chez l’esthéticienne et parfois même entre deux consultations chez le psychologue. Bien loin ce militantisme des épopées des biographies de personnages historiques cités plus haut. Je ne dis pas que ces personnages historiques ne faisaient que le maquis, Castro était amateur de bonne chair, de belles femmes et des fameux cigares. Mais le sérieux de leur verbe et surtout de leurs actions a fait en sorte qu’ils aient obtenu davantage de résultats concrets que ceux qui militent aujourd’hui.
Alors, pourquoi le militant d’aujourd’hui semble-t-il s’être laissé glisser dans cette mollesse tranquille et bien beige à côté de la ferveur de leurs aînés ?
Aujourd’hui, plus qu’hier, s’opposer et partager les mêmes publications sur les réseaux est une façon de se sentir vivant. Au fond, l’activiste digital n’a pas vraiment espoir de voir un changement dans le monde, mais le fait d’avoir quelque chose à combattre participe à son équilibre; c’est la raison pour laquelle c’est même important que le malheur qu’il combat demeure le plus longtemps possible, ou qu’il le remplace très vite.
Les passions sur les réseaux concernant le conflit au Moyen-Orient se sont calmées, alors même qu’objectivement, rien n’a changé. Le conflit est sur pause, les scandales demeurent et pourtant plus rien sur mon «feed insta». C’est en tout cas évident qu’il y a toujours une forme de jubilation d’un côté comme de l’autre du champ politique quand un événement a lieu, qui confirme un discours et qui en fragilise un autre. Il suffit de voir la vitesse à laquelle tous se ruent sur le moindre fait, pour comprendre que les enjeux profonds que l’événement pourrait dévoiler comptent peu par rapport à son potentiel de victoire symbolique. On fait mine de s’affliger, mais on se réjouit des drames qui nous font bien voir par le groupe. Dans ce contexte, la dynamique des réseaux sociaux peut difficilement aboutir à autre chose que de la mauvaise foi.
Dans ce contexte, l’événement n’a de valeur que par le fruit qu’on peut en tirer. Il ne suscite pas une réflexion, mais un réflexe. Est-ce que ce qui se passe fait mes affaires et donc mérite que je milite pour (autrement dit que je clique pour le partager dans ma story) ? Ou ça ne fait pas mes affaires et donc je continue à scroller ? C’est ici l’horizon indépassable de l’analyse politique des individus sur les réseaux.
Information et indifférence
Au-delà de cette bêtise issue d’un mal-être que j’explique plus tard, est-ce que des facteurs extérieurs participent à cette perte d’essence dans le militantisme jeune ? Oui. Dans un modèle où les médias doivent parler de tout et n’importe quoi pour ratisser le plus large possible afin de survivre économiquement, l’événement vaut peu par lui-même, car noyé dans l’équivalence générale. J’exclus certains médias, mais ouvrez la première page d’un grand journal généraliste et vous verrez qu’on passe de la guerre à un récap du match de football, du sort d’un peuple entier aux derniers scandales amoureux d’une célébrité, sans la moindre distinction. Il n’y a aucune cohérence et donc aucune valeur véhiculée dans le récit de l’actualité, et c’est pour ça que le monde de l’information est par nature relativiste et qui nous conditionne à traiter l’information avec une forme d’indifférence. Staline disait «la mort d’un homme et une tragédie, la mort de millions d’hommes n’est qu’une statistique».
Précurseur, le petit père des peuples. On nous parle de 70 000 morts quelque part, de 500 000 là bas, presque autant pas loin… Apathie générale, là où si on réalisait ce que donnait réellement 500 000 morts devant nos yeux, on ne dormirait plus la nuit!
Gilles Lipvestsky, dans son essai “L’ère du vide”, paru il y a 42 ans, en parle avec ces mots «La politique est entrée dans l’ère du spectaculaire. Liquidons la conscience rigoriste et idéologique au profit d’une curiosité dispersée, captée par tout et rien. (…) Notre société ne connaît pas de préséance, de codification définitive, de centre, rien que des stimulations et des options équivalentes en chaîne. (…) De là résulte l’indifférence postmoderne, indifférence par excès, non par défaut. L’apathie répond à la pléthore d’informations, à leur vitesse de rotation. Sitot enregistré, l’événement est oublié, chassé par d’autres encore plus spectaculaires».
En avril 2025, quand il y a eu l’histoire du mur qui s’est effondré sur des adolescents à Sidi-Bouzid, ou depuis quelques années avec les vagues d’arrestations de personnes «plus ou moins» critiques de Kais Saied, plus récemment quand il y a eu l’affaire de la pollution à Gabès (comme ci ce n’était pas le cas depuis 40 ans avec des crimes contre l’envrionnement et les habitants de la région et que personne n’a réellement engagé d’actions et demandé des comptes), j’ai naïvement pensé que ça allait avoir un impact durable et que la vague d’indignation sur les réseaux sociaux allait produire quelque chose d’inédit, équivalant à l’effervescence générale qu’on pouvait voir à ce moment-là sur Internet. Que nenni ! Quelques jours plus tard, on parlait et on partageait avec la même passion d’autres choses plus banales. Les manifestations n’ont duré que quelques jours, la poussière a été mise sous le tapis, et le pouvoir a continué avec son fameux «Circulez, il n’y a rien à voir!».
Attention, si les autorités de mon cher pays tombent sur cet article, je tiens à préciser que je n’appelle aucunement à un soulevenement populaire ou à un trouble à l’ordre public, uniquement à ce que les malheurs d’un peuple qui souffre s’arrêtent.
Il y a aucune décence et aucune cohérence dans la gestion des paroles et des émotions sur Internet et c’est pour ça que je pense que la réaction se résume à l’expressivité.
En d’autres termes, pour ma génération, le contenu expressif, c’est le seul vrai contenu. Ce qui explique pourquoi malgré les aberrations qui occurent en Tunisie chaque semaine, les autorités ne semblent pas vraiment s’inquiéter d’un soulèvement populaire, tant et aussi longtemps que les indignations digitales se relaient indifféremment au gré des circonstances, c’est-à-dire qu’elles remplissent une fonction cathartique.
Ce qui est important, c’est de pouvoir extérioriser et projeter un conflit intérieur, dans les limites de son confort et sans pour autant aller jusqu’au bout et mettre ses idées en actions ordonnées qui demandent un changement. Pour résumer, plus le jeune crie sa colère de manière symbolique et affiche sa révolte, entre deux posts qui n’ont rien à voir, plus on peut partir du principe qu’il n’en a rien à cirer.
Ces grands personnages historiques militants cités plus haut, avaient principalement un point en commun : au moment où ils ont senti que leur destin et celui de leur groupe (nation) étaient trop régis par des facteurs extérieurs, ils sont passés à l’action. Pourquoi, à mon avis, alors que ma génération n’a quasiment plus les moyens de contrôler son destin, elle ne prend pas action ?
Il se peut que je me trompe, mais je pense que la génération la plus individualisée et hédoniste jamais observée est incapable d’imaginer les moyens de mettre en place le changement, s’il ne vient pas d’en haut, d’une autoritié.
Autrement dit, le jeune individualisé et n’appartenant au groupe que par le titre et rien par la pratique, est incapable d’imaginer pour le collectif une porte de sortie et une série d’action pour l’emprunter. Il faut qu’elle lui soit servie sur un plateau d’argent.
Revenons à notre sujet principal. Les idées politiques elles-mêmes deviennent des cloisons. Le jeune est politiquement immature par défaut, et ce n’est pas de sa faute. Sans éducation politique sérieuse, il adopte une pensée en vase clos. Autrement dit, il devient encore plus bête ! J’en veux pour preuve mon observation de quelque chose de l’ordre du jeu vidéo dans la manière dont les jeunes deviennent politisés. On s’interesse à la politique parce que tout le monde le fait (la trend, le mal de cette génération), puis, sans beaucoup lire et sans trop se renseigner, on adopte une position politique en excluant tout le reste du spectre. Ensuite, on joue le script correspondant à l’avatar qu’on s’est choisi et plus on crie haut et fort nos idées en marginalisant celles de l’autre, plus socialement on paraît intelligent, malin et on gagne des points de valeurs symboliques.
On croit tout savoir du conflit palestinien, de l’implication des émiratis au Soudan, de la tactique militaire des Russes en Ukraine, des élections municipales à New-York et du bien-fondé ou pas de la politique (parfois schizophrénique) de Trump. Le pire ce n’est pas d’être sûr de ses idées, c’est la méchaneté avec laquelle on rejette celles des autres et la bêtise avec laquelle on arbore un patchwork d’idées préfabriquées, apprises sur le tas avec à coup de vidéos de 45 secondes, modèle «fast-food», tout cela dans le but de revomir cet amas difforme d’informations dans la nouvelle agora de notre époque (Internet) et bien se faire voir. Ceci n’est que le symptôme du «moi» de l’individu d’aujourd’hui.
Le jeune est en crise existentielle et identitaire, à cause d’une multitude de raisons, parfois individuelles, mais surtout résultat de l’identité moderne qui a tendance à être fluctuante et instable. Face à ce mal structurel, pourquoi le jeune semble alors sans défense ? Ça prendrait un livre entier à essayer de l’expliquer, mais dans un contexte de libération et d’initiative individuelle, il est de plus en plus difficle de trouver les ressources qui permettent de stabiliser sa vie intérieure par soi-même. Le jeune est jeté dans le bain de la vie tout seul, dans un contexte d’éclatement de la famille, de crise de l’éducation et de la hiéarchie (le meurtre du père œdipien, encouragé par le postmodernisme finit bien souvent mal), d’érosion des régimes symboliques qu’ils soient religieux ou séculier, et d’essor des dispositifs qui favorisent la comparaison, notamment les réseaux sociaux qui mettent en scène des jeunes de son âge plus beaux, plus riches, plus célèbres, mais bien souvent moins équilibrés. L’influenceur vedette n’existe que parce qu’il y a des influençables bêtes, ne l’oubliez pas.
Finie l’époque de la verticalité, qui amenait une cohésion de la pensée et une stabilité de l’être qui sait d’où il vient et là où il va. Place aujourd’hui à la fragilité intime, angoisse chronique qui rend l’individu particulièrement vulnérable à tout ce qui peut lui donner l’illusion d’une certitude et qui le pousse bien souvent à aduler de faux dieux.
Ce jeune, va donc chercher à l’extérieur des objets propres à forger son identité et cette tentation de réagir en permanence sur les réseaux, naît dans une promesse de détente narcissique. Demandez à un jeune s’il se sent utile ? Beaucoup parlent de dépression, ça en devient même un thème de rigolade entre nous. Le vide pour seul certitude et la nature ayant horreur du vide, le jeune finit trop souvent par le remplir avec…n’importe quoi.
En effet, l’individu qui se sent stérile et qui a l’impression d’être un épiphénomène, son rare moment de gratification dans une journée normale, c’est la dopamine secrtée par son cerveau lorsqu’il se sent habité par une cause lorsqu’il est sur Internet. Ajoutez à cela que son post inutile, sera peut-être même rétribué par un minable «cœur» ou «like» qui ne veut rien dire sur une publication vue et revue 100 fois. Une overdose. Encore une preuve de ce manque de sérieux ? Bien souvent ce partage ne s’accompagne même pas d’un commentaire personnel construit et intelligent. On repartage bêtement, sans vérifier, sans s’intéresser outre-mesure, sans y ajouter autre chose que parfois un emoji triste, ou une indignation stéréotypée.
Une image fragmentée du réel
Les réseaux inhibent la faculté de comprendre un sujet, c’est-à-dire prendre tous les éléments qui le composent en admettant toute l’étendue de leur complexité et en prenant le temps de bien comprendre l’information. Dans les faits, c’est tout le contraire. Non seulement on ne prend rien ensemble parce que les réseaux renvoient toujours une image fragmentée du réel, mais en plus on a tout le loisir de ne prendre que ce qui nous arrange. Et par ailleurs, le mode de communication propre au réseau nous invite implicitement à être laconiques et malhonnêtes, ce qui ne favorise pas tout à fait l’esprit de dialogue. L’ennui avec la compréhension, c’est que c’est un effort, une démarche qui amenuise, dans le phénomène considéré, son pouvoir de satisfaction immédiate. Parce que les choses sont rarement aussi simples qu’elles devraient l’être pour correspondre aux lectures binaires qui soulagent la frustration.
Dans une époque où l’on ne cultive plus un potager en attendant patiemment ses fruits, où l’on n‘attend plus le passage de notre chanson préférée à la radio, mais où on peut la streamer quand ça nous chante, et où l’attente devient une peine atroce, la gratification instantnée est loi. Les idées politiques et le militantisme n’échappent pas à cela. On veut vite s’approprier un sujet, vite le partager et vite recevoir la gratification de savoir qu’on fait partie du lot et qu’on est dans le camp des bons. C’est pour ça qu’à mon sens, il s’agit moins d’un engagement sincère que de la confirmation de sa propre existence par la mise en scène de «soi» et par la tenue d’un discours qui est le plus souvent destiné à ceux qui n’ont pas besoin de l’entendre.
Entre exil et tourmentes, Lénine a passé 40 ans à militer. Bourguiba en a sacrifié autant avant de voir la Tunisie indépendante. Robespierre en a perdu la tête, littéralement. Une cause demande du sérieux, de l’action et surtout la temporalité longue. Combien de nos jeunes peuvent consacrer autant de temps dans l’action de leur cause ? Il faudrait déjà qu’ils lisent et se renseignent plus, et puis qu’ils passent à l’action au lieu de partager une story entre deux scrolls abrutissants.
En outre, il faut prendre la mesure de la violence invisible qui résulte de cette conjoncture morale du jeune. On a tendance à s’accommoder de ce qui ne tourne pas rond, tant qu’on n’en paie pas les frais, mais à terme ça ne profite à personne et on aurait tort de ne pas s’inquiéter du genre d’homme que le monde postmoderne est en train de créer.
* Étudiant en sciences politiques et affaires publiques et internationales.
La chute de Pokrovsk marquera la fin d’une phase importante de la bataille du Donbass, ouverte avec la chute d’Avdiivka. Elle ouvrirait surtout une nouvelle séquence de la guerre russo-ukrainienne, qui pourrait voir les Russes avancer vers l’ouest, dans une zone moins urbanisée et donc, moins facilement défendable, même si les Ukrainiens y ont érigé de nouvelles lignes de défense. De quoi ralentir des Russes dont la progression, si elle est réelle, reste toujours de l’ordre de la poussée, et non de la percée.
Habib Glenza
Engagée depuis l’automne 2024, au fil des assauts, très nombreux dans le secteur, les troupes russes engagées autour de la ville ont progressé de manière significative, fut-ce au prix de pertes importantes. Abandonnés à leur sort par leurs chefs militaires, les 10.000 soldats ukrainiens encerclés doivent se rendre aux soldats russes ou combattre jusqu’à la mort
Durant l’été 2025, la ville de Pokrovsk s’est vue donc placée dans une situation qui, à terme, pourrait provoquer sa chute, les pinces russes ayant jusqu’à présent toujours abouti à la chute des localités ciblées. Mais, quand elle surviendra, la chute de Pokrovsk marquera la fin d’une phase importante de la bataille du Donbass, ouverte avec la chute d’Avdiivka. Elle ouvrirait surtout une nouvelle séquence, qui pourrait voir les Russes avancer vers l’ouest, dans une zone moins urbanisée et donc, moins facilement défendable, même si les Ukrainiens y ont érigé de nouvelles lignes de défense.
Zelensky et ses généraux cachent la vérité
De l’autre côté du front, Volodymyr Zelensky reconnaît que la situation à Pokrovsk est difficile, il affirme devant la presse que «170 000 soldats russes assiègent Pokrovsk. C’est beaucoup. Vraiment beaucoup», dans ce qui ressemble à un aveu d’échec.
D’un autre côté, les généraux ukrainiens affirment que leurs troupes se battent à 1 contre 8, ce qui veut dire qu’il y aurait 25 000 soldats ukrainiens dans la poche encerclée. «Les faire sortir rapidement, ça ne va pas être facile», déclare l’un de ces généraux, ce qui veut dire qu’à Kiev, on prépare l’opinion à accepter la chute de Petrovsk, parce que l’armée russe, qui encercle la ville, est trop puissante. «Y a-t-il une possibilité de reprendre la ville demain ou après, je n’en sais rien», ajoute la même source, désabusée.
Zaporijia en passe d’être encerclée par les Russes
La ville de Zaporijia se prépare à un scénario cauchemar. 130 000 soldats russes se massent aux frontières, prêts à lancer une offensive qui pourrait sonner le glas des défenses ukrainiennes.
Les lignes de front s’effondrent, rapporte The Economist. La 65e brigade de l’armée de terre ukrainienne constate une multiplication des tentatives de percée russes. Le dispositif défensif, malgré des fortifications en béton et des champs de mine, semble de plus en plus fragile. La stratégie russe a changé : plus question d’affrontements frontaux, place à l’encerclement. Drones, guerre électronique et capacités balistiques permettent de couper méthodiquement les lignes d’approvisionnement ukrainiennes. Cela semble donner ses fruits.
Du côté ukrainien, la situation est critique. Les recrues, souvent âgées et mal formées, ne peuvent rivaliser avec des troupes russes aguerries, par conséquent le moral des troupes ukrainiennes chute dramatiquement. Plus personne ne croit pouvoir barrer la route à une offensive russe, les nouveaux mobilisés n’étant pas entraînés, et n’ont espoir de sortir de ce bourbier que par une amnistie ou une blessure.
L’armée ne pratiquant plus de rotations et ne disposant plus d’armes qui tardent à venir du côté européen. Elle doit soit se rendre soit continuer à combattre jusqu’au dernier soldat, au risque de voir beaucoup de sang couler.
Ukrainiens et ses soutiens occidentaux va-t-en-guerre doivent comprendre que la continuation du conflit russo-ukrainien n’a plus de sens. Pour préserver la vie de millions de personnes, il faut se mettre autour de la table des négociations, comme le suggère du reste en soufflant le chaud et le froid le président américain Donald Trump, dont le tropisme russe n’est plus à prouver.
Le président fédéral d’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, a officiellement sollicité son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour qu’il accorde une grâce présidentielle à l’écrivain Boualem Sansal, détenu depuis un an en Algérie. La nouvelle a été rendue publique lundi 10 novembre 2025 dans un communiqué de la présidence de la république algérienne, confirmant la réception de la demande allemande.
Dans sa lettre, le président Steinmeier appelle à un «geste humanitaire» envers l’auteur de ‘‘Village de l’Allemand’’ et de ‘‘2084. La fin du monde’’, invoquant son âge avancé et la dégradation de son état de santé. Il propose que Sansal puisse se rendre en Allemagne afin d’y recevoir les soins médicaux nécessaires.
«J’ai demandé à mon homologue algérien la grâce de Boualem Sansal. Un tel geste serait l’expression d’un esprit humanitaire et d’une grande clairvoyance politique. Il refléterait les relations personnelles de longue date que j’entretiens avec le Président Abdelmadjid Tebboune, ainsi que les excellents rapports entre nos deux pays», a déclaré le président allemand.
Lauréat du Prix de la paix des libraires allemands, Boualem Sansal est une figure littéraire reconnue en Europe. Né en 1949 à Theniet El Had, il s’est imposé comme une voix critique du pouvoir et des dérives religieuses dans le monde arabe. Son œuvre, traduite en plusieurs langues, mêle mémoire, fiction et réflexion politique.
Le 1er juillet 2025, la Cour d’appel d’Alger l’a condamné à une peine de prison et à une amende pour des déclarations considérées comme «portant atteinte à l’unité nationale et aux institutions de l’État». Son incarcération à la prison d’El Harrach a provoqué une vague d’indignation dans les milieux littéraires et intellectuels internationaux.
Depuis plusieurs mois, des organisations de défense des droits humains et des écrivains européens réclament sa libération, arguant du respect de la liberté d’expression et de la nécessité de soins médicaux urgents.
En Allemagne, des collectifs d’intellectuels, des libraires et des éditeurs ont multiplié les appels en faveur de Sansal, soulignant la portée symbolique de son œuvre pour le dialogue entre les cultures.
Cette intervention du président Steinmeier, rare dans une affaire judiciaire algérienne, confère à ce dossier une dimension diplomatique inédite. Elle pourrait, selon certains analystes, contribuer à renforcer le dialogue politique et culturel entre Alger et Berlin, dans un contexte régional sensible.
La présidence algérienne n’a pas encore réagi à cette demande. Toutefois, la mention d’«excellents rapports» entre les deux pays laisse entrevoir une approche diplomatique mesurée, susceptible d’ouvrir la voie à une issue humanitaire.
Le sort de Boualem Sansal, écrivain à la fois admiré et controversé dans son pays natal, est désormais suspendu à une décision présidentielle qui pourrait marquer un tournant symbolique dans les relations entre l’Algérie et l’Allemagne, mais aussi dans la manière dont le pouvoir algérien envisage la liberté d’expression.
Les membre de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) accomplissent la mission qui leur est confiée, mais ils subissent souvent la censure», a déclaré le député Yassine Mami dans l’émission ‘‘Houna Tounes’’ sur Diwan FM, ce lundi 10 novembre 2025.
«Personne n’a le droit de dicter sa volonté aux représentants du peuple», a ajouté le député, sans désigner clairement la ou les parties qui censurent les députés et cherchent à leur dicteur leur volonté.
Les députés ont présenté 122 initiatives législatives dans différents secteurs qui auraient pu changer la vie des Tunisiens, a encore indiqué Yassine Mami, ajoutant que seules deux d’entre elles ont été examinées et adoptées, laissant entendre que toutes les autres sont passées à la trappe. De qui ?
Selon Yassine Mami, le bureau de l’assemblée, instrument de ladite censure, n’a pas examiné de nombreux projets de lois et ne les a pas transmis aux commissions, alors que celles-ci ont achevé les auditions relatives à certains projets de lois sans que des séances plénières n’aient été fixées pour les discuter et les adopter.
«Les députés ne sont pas satisfaits de la cadence de l’examen des projets de lois en séances plénières», a-t-il conclu, renvoyant ainsi, à demi-mot, la responsabilité de l’échec de la «révolution législative» promise par le président Kaïs Saïed à la présidence du parlement.
De Gabès à Gafsa, en passant par Sfax, Kairouan et Sidi Bouzid, la Tunisie lancera en 2026 son plus grand projet de reboisement, baptisé «The Green Belt» («La Ceinture Verte»).
Le ministre de l’Environnement, Habib Abid, a annoncé ce projet lors d’un événement organisé par la Banque nationale de gènes (BNG) à l’occasion de la Journée nationale de l’arbre, le 9 novembre 2025. Ce projet vise à protéger le pays de la désertification et de l’ensablement, tout en valorisant le patrimoine environnemental tunisien, a-t-il déclaré.
«Ce projet s’inscrit dans le cadre du Plan de développement 2026-2030, qui vise à promouvoir le secteur de l’environnement et à mettre en place les stratégies nécessaires pour relever les défis climatiques en Tunisie», a précisé le ministre, dans une déclaration à l’agence de presse Tao.
L’événement a également été l’occasion de déguster une sélection de plats mettant en valeur les saveurs naturelles du patrimoine génétique tunisien.
La Ceinture Verte s’étendra du gouvernorat de Gabès à celui de Gafsa, en passant par Sfax, Kairouan et Sidi Bouzid. «Ce projet contribuera à promouvoir les produits locaux et à étendre les espaces verts grâce au reboisement», a ajouté M. Abid, en précisant que les deux tiers de la superficie totale de la Tunisie sont couverts de végétation : un tiers de forêts et de pâturages, un tiers de terres agricoles et le dernier tiers de désert.