Non content d’avoir mis une partie de la planète à feu et à sang durant sa présidence, Joe Biden semble jusqu’au dernier jour de son mandat déterminé à poursuivre sa politique maléfique. Celle-là même qui a fait près d’un million de victimes d’Ukrainiens et la destruction de leur pays, et des centaines de milliers de victimes palestiniennes et la destruction de Gaza. Car sans son soutien diplomatique, son armement terrifiant et ses milliards de dollars, ni Zelensky ni Netanyahu ne peuvent rien faire.
Les Américains ont choisi un nouveau président, et Joe Biden, dans le langage politico-journalistique, n’est plus qu’un « lame duck » (canard boiteux), un statut qui lui permet de gérer les affaires courantes en attendant la prise de fonctions du nouveau président le 20 janvier 2025.
Malgré cela, le président sortant vient de prendre une grave décision qu’il n’a jamais osé prendre avant l’élection présidentielle au début de ce mois : permettre à Zelensky d’utiliser les missiles américains de longue portée pour frapper des cibles à l’intérieur de la Russie.
Cette éventualité a été évoquée avant, et le président russe Vladimir Poutine y a répondu le 12 septembre dernier en ces termes : « Si l’OTAN comptait soutenir des frappes de longue portée sur le territoire russe, cela signifierait que les États-Unis et les pays européens de l’OTAN seraient en guerre avec la Russie. Si tel était le cas alors, compte tenu du changement de nature du conflit, nous prendrions les décisions appropriées en fonction des menaces auxquelles nous serons confrontés ».
Le New York Times et d’autres médias anglo-saxons ont rapporté dimanche 17 novembre que Biden avait donné le feu vert à l’Ukraine pour utiliser les systèmes de missiles tactiques de l’armée fournis par les États-Unis (ATACMS), qui ont une portée allant jusqu’à 300 kilomètres.
Ce qui est important de savoir ici est que les ATACMS sont tirés par des systèmes de roquettes HIMARS fournis par les États-Unis. Leur utilisation nécessite forcément des renseignements et des spécialistes américains pour être tirés, ce qui signifie que les États-Unis entreront directement en guerre avec la Russie, d’où l’inquiétude de voir le monde sombrer dans une Troisième Guerre mondiale où l’usage d’armes nucléaires serait fort probable !
Dans sa réponse lundi 18 novembre, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que si les informations étaient vraies, cela signifierait « une nouvelle escalade qualitative des tensions et une situation qualitativement nouvelle en termes d’implication des États-Unis dans ce conflit. L’escalade signifie une plus grande implication occidentale dans la guerre, car le ciblage et les autres opérations de maintenance ne sont pas effectués par des militaires ukrainiens, mais par des spécialistes militaires de ces mêmes pays occidentaux ».
Par ailleurs, des agences d’information européennes ont indiqué que le Royaume-Uni et la France pourraient autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles Storm Shadow/SCALP, d’une portée de 250 km, contre la Russie. Plus tôt cette année, une fuite militaire allemande a révélé que des soldats britanniques sont « sur le terrain en Ukraine pour aider les forces ukrainiennes à tirer les missiles Storm Shadow ».
Enfin, le journal britannique “Daily Telegraph“ a récemment rapporté que le Premier ministre britannique, Keir Starmer, et le président français Emmanuel Macron complotaient « pour empêcher la nouvelle administration Trump de réduire le soutien américain à la guerre en Ukraine ». Le même journal indique que Macron et Starmer « prévoient de faire pression sur Biden pour qu’il approuve les frappes de longue portée avant l’entrée en fonction du nouveau président ».
Trump et son entourage sont bien conscients que l’ultime décision de Joe Biden vise à mettre la nouvelle administration républicaine devant le fait accompli. Trump Jr. a déclaré que « la décision du président sortant d’autoriser le lancement de missiles américains de longue portée contre le territoire russe vise à piéger mon père ».
Son père rencontrerait bien des difficultés à concrétiser sa promesse d’arrêter la guerre d’Ukraine dès sa réélection. C’est que l’Etat profond qui tient le haut du pavé à Washington est trop fort pour la capacité et l’expérience politiques modestes du nouveau président. D’une part, cet Etat profond est aveuglé par sa haine contre la Russie et semble déterminé à aller jusqu’au bout de sa folie guerrière en Ukraine. D’autre part, il y a les énormes investissements énergétiques et agricoles faits en Ukraine par le gros capital américain entre le coup d’Etat de 2014 et le déclenchement de la guerre en février 2022.
Les investissements dans le gaz ukrainien du Donbass par les compagnies américaines Black Rock et Chevron, et l’achat de millions d’hectares de terres fertiles ukrainiennes par l’Agro-business américain se comptent en centaines de milliards de dollars. Tous ces investissements ont été mis en péril par la guerre d’Ukraine. Sans parler des énormes pertes qu’enregistrera le Complexe militaro-industriel dans le cas où la guerre se conclura par une victoire de la Russie.
Le danger est que nombre de néoconservateurs qui exercent une influence évidente sur l’Etat profond sont convaincus que « Poutine bluffe » et que l’Amérique est capable de « gagner une guerre nucléaire »…
C’est un fervent Évangélique, partisan décomplexé d’une Amérique blanche et chrétienne, ouvertement islamophobe, ultra-sioniste exprimant son souhait de voir un jour la reconstruction du temple de Salomon sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem où se trouve actuellement la mosquée Al-Aqsa et soutenant le rattachement de la Cisjordanie à Israël, il s’appelle Pete Hegseth et il a été désigné par Donald Trump au puissant poste de ministre de la Défense des États-Unis. Celui qui était jusque-là animateur de la matinale du week-end de la très conservatrice Fox News se considère en croisade, il a déclaré: «Le sionisme et l’américanisme sont les lignes de front de la civilisation occidentale et de la liberté dans notre monde d’aujourd’hui.»
Imed Bahri
Le Washington Post a publié une enquête préparée par Missy Ryan et Evan Hill dans laquelle ils affirment que le candidat du président élu Donald Trump pour prendre la tête du ministère de la Défense Pete Hegseth ne croit pas à la diversité dans l’armée, déteste l’Islam et a appelé à une «croisade» pour protéger les valeurs judéo-chrétiennes.
Le journal américain a passé en revue les positions de celui qui prendra le commandement de l’armée la plus puissante du monde, il a déclaré notamment qu’il s’opposait à l’intégration des femmes et des personnes transgenres dans l’armée.
L’ancien membre de la Garde nationale américaine qui a servi à Guantánamo, en Irak et en Afghanistan travaille depuis dix ans comme présentateur sur Fox News, la chaîne préférée de Donald Trump classée très à droite, il y a notamment animé la matinale du week-end de la chaîne intitulée Fox and Friends. On retient de lui sa déclaration selon laquelle l’Islam est une force de violence qui planifie pour prendre le contrôle de l’Amérique et qu’il doit être confronté à une croisade.
Hostilité déclarée à l’islam et aux musulmans
Le WP relève que les opinions de Pete Hegseth seront rendues publiques lorsque les législateurs du Congrès commenceront à discuter de sa nomination et entameront les procédures d’approbation pour assumer un poste dans lequel il supervisera 3 millions de militaires et civils, un arsenal nucléaire et sera à la tête d’un réseau de bases militaires réparties dans le monde entier. Il commandera également l’armée la plus diversifiée du monde qui comprend des hommes et des femmes de toutes races, sexes, naissances et religions. Le candidat au poste si convoité n’a pas répondu aux commentaires et lundi soir, il n’avait pas commenté sa nomination par Trump.
Cependant, la nomination de cet homme de 44 ans, visage bien connu de la télévision, signale l’intention de la nouvelle administration d’intensifier ses campagnes contre le wokisme en sein de l’armée qu’elle considère comme responsable des problèmes de recrutement, d’affaiblissement moral des troupes et des échecs de l’Amérique sur le champ de bataille. Cela souligne également la possibilité que le deuxième mandat de Trump entraîne de nouveau des politiques controversées notamment l’interdiction de voyager (Muslim Ban) que de nombreux musulmans américains considéraient comme hostiles à leur religion.
Le WP a indiqué que ce que Hegseth avait récemment publié contenait une critique acerbe des mesures prises au cours de la dernière décennie pour éliminer les barrières entre les hommes et les femmes dans l’armée, fournir des soins de santé aux soldats transgenres et veiller à lutter contre la discrimination raciale dans les rangs de l’armée sans pour autant fournir aucune preuve que ces mesures ont conduit à l’affaiblissement de l’armée.
En revanche, les démocrates affirmaient que l’armée devait refléter la nation dans son ensemble pour être active et forte. De l’espace et des opportunités doivent également être accordés à chacun, sans égard à la race, à la discrimination entre hommes et femmes ou à la conformité de genre.
Pour la réduction du rôle des femmes dans l’armée
Dans son dernier livre publié cet été avant l’élection présidentielle de 2024, Hegseth appelle le président, en tant que prochain commandant en chef des États-Unis, à réorienter l’armée en commençant par renommer le ministère de la Défense en ministère de la Guerre comme on l’appelait avant 1947. Il écrit notamment dans ce livre intitulé ‘‘La guerre contre les guerriers’’: «Le problème c’est que l’armée la plus sympathique et la plus féministe n’est pas la plus efficace. C’est une armée moins efficace, qui met tout le monde en danger. Encore une fois, c’est une très mauvaise chose dans le domaine du combat.»
Dans un autre paragraphe, Hegseth dénonce ce qu’il considère comme le rejet par les libéraux des «faits simples» affectant l’armée notamment le pouvoir et la cruauté des hommes. Tout en louant le rôle historique des femmes en dehors du combat, il a critiqué la décision de l’administration de Barack Obama en 2015 d’ouvrir la voie aux femmes pour qu’elles entrent dans tous les domaines de combat. Hegseth cite des différences biologiques entre les hommes et les femmes notamment la masse musculaire qui rend les femmes inaptes à la guerre et les exigences du combat. «Les hommes sont biologiquement plus forts, plus rapides et plus grands. J’ose dire qu’ils sont physiquement supérieurs», considère-t-il.
Il a également critiqué la décision des dirigeants du Pentagone ayant suscité une controverse au sein de l’institution militaire qui stipule que les femmes peuvent choisir n’importe quelle unité militaire pour combattre à condition que les conditions appropriées soient remplies.
Hegseth commente que cette étape entraînera de lourdes pertes si ces unités combattent. «Les parents nous poussent à prendre des risques. Les mères mettent des roues d’entraînement sur nos vélos. Nous avons besoin de mères mais pas dans l’armée et encore moins dans les unités de combat», a-t-il écrit.
Hegseth a critiqué la décision du président actuel Joe Biden de diversifier les dirigeants militaires de premier plan et a considéré qu’il s’agissait d’une mesure qui éroderait l’efficacité globale de l’armée. Il a été particulièrement critique à l’égard de la décision de Biden en 2023 de nommer Liz Franchitti comme première femme chef d’état-major de la Marine, renversant la position du Pentagone qui recommandait de nommer un commandant de sexe masculin. «Si les opérations de la Marine souffrent, alors nous garderons la tête haute», a-t-il écrit sarcastiquement.
Contre la diversité dans l’armée
Dans son livre de 2024, Hegseth a également appelé Trump à limoger le chef d’état-major des armées, le général Charles Q. Brown Jr. Il l’a accusé, en tant que chef d’état-major de l’armée de l’air d’être responsable de l’abaissement des normes de préparation. Il cite une note signée par Brown, par ailleurs Afro-Américain, visant à accroître la diversité parmi les candidats officiers ce que Hegseth a qualifié de raciste et d’illégal.
Dans un podcast posté la semaine dernière, Hegseth a exhorté le président élu Trump à licencier Brown et les autres officiers impliqués dans des initiatives en faveur de la diversité. Il a écrit à ce sujet: «La tragédie de ces personnes en colère, émotionnellement faibles et fondées sur la race, c’est qu’ils ont un objectif à répéter et ils continueront à le répéter. Si la décision était entre les mains des racialistes et bien les troupes noires à tous les niveaux seront promues, tout simplement sur la base de leur race. Or certains d’entre eux sont éligibles et d’autres ne le sont pas.» Même si Hegseth ne s’oppose pas à la décision de 2010 d’abroger la politique «Ne demandez pas, ne vous opposez pas» qui permettait aux homosexuels de servir ouvertement, il considère cette décision comme un point de départ sur la voie d’un système dominé par le mouvement woke.
Hegseth a exprimé sa conviction que les libéraux mettent en avant les différences plutôt que de forger une identité commune.
Il affirme que si les soldats en uniforme étaient laissés seuls, ils s’entendraient très bien. «Les hommes forts, intelligents et loyaux sont de toutes formes, tailles et couleurs. Les hommes ne se soucient pas de la couleur de votre peau, du moment que vous faites le travail», écrit-il.
Hegseth s’est particulièrement opposé aux efforts de l’administration Biden pour résoudre un problème qu’il considère comme imaginaire à savoir l’extrémisme au sein de l’armée après qu’une foule de partisans de Trump, dont un groupe d’anciens combattants, a pris d’assaut le Capitole le 6 janvier 2021 dans une tentative violente et infructueuse d’empêcher la ratification de la victoire de Biden aux élections de 2020.
Il parle d’une «pause» d’une journée après l’attaque pour discuter de la question de l’extrémisme au sein des rangs militaires. «Cette auto-réprimande histrionique de la part des hommes et des femmes ordinaires de l’armée indique que les dirigeants se soucient bien plus des médias que des problèmes réels et des gens», a-t-il déclaré, ajoutant: «Pire encore en promouvant le mensonge du racisme dans l’institution militaire qu’ils ont fait intentionnellement, ils ternissent la réputation de l’institution qu’ils prétendent diriger.»
Des écrits antérieurs issus de publications auxquelles Hegseth a participé pendant ses années universitaires suggèrent qu’il avait des opinions sociétales plus dures.
Porte-étendard de la guerre contre l’islam
Pendant la campagne de Trump pour son retour au pouvoir, son équipe a fait appel aux électeurs musulmans qui étaient en colère contre l’administration Biden pour sa gestion de la guerre à Gaza. Dans son livre publié en 2020 intitulé ‘‘The American Crusade’’ (La Croisade américaine), Hegseth s’en prend aux taux de natalité parmi les musulmans et à ce qu’il décrit comme l’infiltration des communautés américaines par les réfugiés et les migrants qu’il accuse d’exploiter le soutien du gouvernement. Il a écrit que l’Islam «n’est pas une religion de paix et ne l’a jamais été» et a affirmé que «tous les États islamiques modernes sont soit officiellement soit de facto des zones interdites pour les Chrétiens et les Juifs pratiquants».
Le livre affirme également, sans fondement, que les islamistes représentent 25% de la population musulmane mondiale et ont pour mission de forcer le reste du monde à se soumettre sous peine d’être tué. Il affirme qu’avec le soutien des gauchistes qui appellent à l’ouverture des frontières, les islamistes envisagent d’envahir l’Europe et l’Amérique sur le plan démographique, culturel et politique et de s’allier à la laïcité pour démolir les institutions de notre nation judéo-chrétienne. Il a déclaré qu’ils implanteraient en Occident autant de musulmans que possible et ensuite, grâce à leur taux de natalité très élevé par rapport à la population autochtone et à leur culture stratégiquement isolée, les fils et les filles de ces immigrants et réfugiés se reproduiraient en un plus grand nombre que les autochtones.
Dans son livre ‘‘The American Crusade’’, Hegseth évoque les élus musulmans britanniques et l’augmentation de la population musulmane européenne au cours des trois dernières décennies affirmant que les États-Unis se retrouveraient avec un avenir similaire en l’absence d’intervention. Malgré leur isolement dû à la distance et leur tissu chrétien traditionnel, les États-Unis, écrit Hegseth, «sont soumis à une invasion culturelle non seulement sur nos côtes, mais dans votre communauté et vos écoles». En novembre 2019, il déplore que 26 candidats musulmans aient remporté des élections dans le pays et que «le prénom Mohamed fasse désormais partie des dix prénoms de garçons les plus populaires en Amérique». Il écrit: «Notre époque actuelle est très similaire à celle du XIe siècle. Nous ne voulons pas nous battre mais comme nos frères chrétiens il y a mille ans, nous devons le faire. Armez-vous métaphoriquement, intellectuellement et physiquement. Notre combat n’est pas encore avec les armes.»
Dans une lecture analytique du résultat de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024 préparée par Julian Borger, le journal britannique The Guardian affirme que la victoire du candidat républicain Donald Trump est synonyme de victoire pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Le président élu américain voulait que la fin de la guerre à Gaza n’ait lieu qu’après son élection et son entrée en fonction en janvier 2025, alors que sa position sur le programme nucléaire iranien n’est pas claire. Aussi son retour à la Maison Blanche a-t-il des implications importantes pour le Moyen-Orient et est considéré avant tout comme une victoire pour Netanyahu qui n’a pas caché sa préférence pour le Républicain.
Imed Bahri
Dans un souci de ne pas s’aliéner le vote juif américain, l’administration de Joe Biden a reporté ses pressions sur Netanyahu jusqu’après les élections et ce malgré la frustration croissante à son égard sur plusieurs sujets comme l’empêchement de l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, sa campagne contre les Nations Unies, son obstruction à un accord de cessez-le-feu et la libération des prisonniers et le soutien de son gouvernement aux colons de Cisjordanie.
Les progressistes du Parti démocrate ont pour leur part appelé Biden à utiliser ses cartes d’influence contre Israël au cours des 13 derniers mois. La colère suscitée par l’utilisation de bombes américaines pour détruire Gaza a provoqué une réaction dans l’État du Michigan qui abrite la plus grande population arabo-américaine des États-Unis, un facteur qui a contribué à la défaite de Kamala Harris.
Même si les États-Unis voulaient libérer leur influence au Moyen-Orient, cela ne serait pas efficace. Le mois dernier, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin et le secrétaire d’État Anthony Blinken ont écrit une lettre au gouvernement israélien fournissant des détails sur l’obstruction du gouvernement israélien aux efforts d’envoi de matériel humanitaire. La lettre fixait 30 jours à Israël pour revoir sa politique faute de quoi il serait confronté à une révision américaine de ses exportations d’armes vers ce pays. Ce choix a été fait après les élections afin que la chance des démocrates n’en soit pas affectée.
Les extrémistes israéliens sur un nuage
À la lumière des résultats des élections américaines, les menaces de l’administration Biden auront peu d’impact sur le gouvernement Netanyahu. Ce dernier attendra l’investiture de Trump le 20 janvier. Il est certain que la prochaine administration ne défendra pas l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa) puisque l’administration Trump a interrompu son financement en 2018 et que cette décision n’a été annulée que trois ans plus tard sous l’administration Biden.
Les Nations Unies et tous les efforts de secours seront également confrontés à des problèmes de financement dans la région.
Le retour de Trump supprime, par ailleurs, un obstacle majeur à l’annexion potentielle par Israël de certaines parties de Gaza et de la Cisjordanie. Le prochain président a montré qu’il ne se soucie pas du droit international ni des résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu lorsqu’il s’agit d’Israël. N’oublions pas que son administration a reconnu la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan alors que le droit international considère qu’il s’agit d’un territoire syrien occupé.
On ne sait pas clairement qui dirigera la politique au Moyen-Orient dans la nouvelle administration Trump mais dans le groupe entourant le président élu se trouvent d’éminents partisans de la colonisation comme son gendre Jared Kushner qui a parlé du véritable potentiel immobilier de construction d’appartements sur la mer de Gaza. Il y a l’ancien ambassadeur en Israël David Friedman qui a postulé pour un nouveau poste dans la prochaine administration sous la forme d’un livre dans lequel il parlait du droit divin d’Israël à s’emparer de la Cisjordanie qu’il appelle la Judée Samarie. Souhait partagé par la première donatrice de Donald Trump, la milliardaire américano-israélienne Miriam Adelson.
Le journal britannique a indiqué que le soutien et l’élan acquis par l’aile extrémiste du gouvernement israélien appelant au rattachement de la Cisjordanie constituent l’une des répercussions les plus évidentes sur le Moyen-Orient. Borger estime que le retour de Trump renforcera la position de Netanyahu dans son pays et augmentera probablement ses efforts visant à transformer Israël en un État illibéral. Netanyahu n’écoutera aucune voix à Washington lui demandant de modérer sa campagne visant à priver le système judiciaire de son indépendance.
Cependant, le retour à la Maison Blanche d’un allié de confiance de Netanyahu ne signifie pas qu’il aura les mains totalement libres. Contrairement à Biden, Trump ne craint pas que le Premier ministre israélien lui nuise politiquement dans son pays. Même si les nouvelles relations entre les États-Unis et Israël seront biaisées et que l’influence du nouveau président sera bien plus grande que celle de ses prédécesseurs.
Trump avait déjà clairement indiqué dans une lettre à Netanyahu au plus fort de la guerre à Gaza qu’il souhaitait que celle-ci se termine au moment où il prendrait ses fonctions le 20 janvier 2025. Évidemment, il accepterait une issue qui pencherait largement en faveur d’Israël y compris le contrôle militaire de la bande de Gaza.
Le président sortant a également confirmé qu’il souhaitait un accord de cessez-le-feu au Liban si l’administration boiteuse de Biden ne parvient pas à un accord.
Seule incertitude, Netanyahu n’est pas sûr du soutien de Trump à sa priorité liée au dossier nucléaire iranien et à sa destruction. Tout conflit avec l’Iran peut impliquer les États-Unis et l’on sait que l’aversion pour les guerres étrangères est un élément essentiel de la politique étrangère du président élu. D’un autre côté, Netanyahu pourrait ne pas être en mesure de convaincre Trump de soutenir une attaque contre un pays qui, selon lui, prévoyait de l’assassiner.
L’Arabie saoudite se frotte les mains
Borger a souligné que l’Arabie saoudite est le deuxième vainqueur de la victoire de Trump car elle a investi massivement dans la famille Trump. Elle a désormais un allié fort à la Maison Blanche qui fera probablement pression en faveur d’un accord de normalisation saoudo-israélien qui serait ajouté aux Accords d’Abraham avec les autres États du Golfe.
Les responsables de l’administration Biden ont investi beaucoup de temps et d’énergie pour tenter de parvenir à un accord saoudo-israélien et soupçonnaient depuis le début que le prince héritier Mohammed Ben Salmane attendait Trump comme président pour le faire. Mais même pour le prince héritier, il ne sera pas facile de conclure un accord avec Netanyahu à un moment où Gaza est en train d’être détruite et où plus de 43 000 Palestiniens sont tués. Selon The Guardian, cette hésitation sera probablement temporaire et les forces croissantes de rapprochement entre certains États du Golfe, les États-Unis et Israël pourraient s’avérer plus fortes au cours des quatre prochaines années que les inquiétudes concernant le sort des Palestiniens.
Qui l’aurait cru ? Quatre ans après avoir connu la débâcle face à Joe Biden, Donald Trump est sorti vainqueur du duel qui l’a opposé, le 5 novembre 2024, à Kamala Harris, colistière de ce dernier à la précédente élection. En gagnant haut la main, il a fait encore mieux ce qu’avait prédit les sondages qu’il n’a pas fini de détromper.
Dr Abderrahmane Cherfouh
Soutenu par des milliardaires comme Elon Musk et Peter Thiel, qui avaient engagé des sommes colossales dans cette campagne électorale, et au-delà de sa victoire qui relève du miracle, Trump sera immortalisé comme le premier «criminel» à être réélu président des États-Unis.
On sait que depuis l’ère Busch fils, la fonction présidentielle américaine a perdu de sa superbe. Traîné plusieurs fois devant la justice américaine, Trump est toujours arrivé, malgré des faits avérés, à s’en échapper et en sortir indemne.
Multipliant les scandales depuis son avènement sur la scène publique, Trump n’est pas seulement un politique c’est d’abord un homme d’affaires touche à tout : immobilier, cinéma, communication… fonctions qui lui ont permis d’être propulsé sur les devants de la scène américaine et devenir une vedette incontestable du show-business à l’américaine.
Quand tout est permis
Il faut dire que le processus électoral américain et la démocratie américaine d’une façon générale laissent à désirer et se caractérisent souvent par des arrangements opportuns avec l’éthique et la morale. Pour engranger des voix et essayer de gagner une élection, les politiciens d’aujourd’hui n’hésitent pas à vendre leur âme au diable. N’importe quel diable. Il n’y a plus vraiment de règle à respecter, ni de principe à suivre loyalement.
À ce titre, le spectacle que nous ont offert Trump et Harris restera gravé à jamais dans la mémoire des Américains et de l’humanité tout entière comme l’une des campagnes électorales les plus ordurières, marquées par des dérapages verbaux et des échanges d’insultes, au déshonneur des deux auteurs.
Depuis l’avènement des réseaux sociaux et de la prééminence du rôle de l’image, il n’y a de la place que pour les menteurs, les fourbes, les opportunistes ,les égocentristes, les escrocs, les cas pathologiques et les suprémacistes à l’image de Trump qui a réussi à en faire son terrain de jeu pour engranger argent, soutiens politiques et voix des électeurs, même parmi ses supposés adversaires.
Par ailleurs, la banalisation des idées xénophobes est un phénomène qui tend à se généraliser dans un pays qui se veut la référence et le modèle à suivre en matière de démocratie. Trump a en effet été réélu pour ses idées populistes, racistes et nauséabondes et il est vu de plus en plus comme un héros du franc-parler et un ennemi du système, lui qui est le fruit même de l’establishment dans ce qu’il a de plus détestable.
Un homme qui inquiète
En tout état de cause, ce qui se passe actuellement aux États-Unis dépasse la raison et défie la logique. La réélection de Trump en dépit de tout bon sens et sa fulgurante percée sur la scène américaine et mondiale vont constituer un tournant dans les équilibres géostratégiques mondiaux, suscitant l’inquiétude dans plusieurs capitales, tant l’homme paraît imprévisible, versatile et ne reculant devant aucun excès.
L’inquiétude vient de la légitimation électorale des discours racistes qui foisonnent partout dans le monde et des perspectives d’aggravation de la situation en Proche-Orient, où se poursuit le génocide du peuple palestinien, et en Europe, avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine, pour ne citer que ces deux zones de tension. Elle vient aussi, et surtout, du caractère instable du nouveau président de la première puissance mondiale, qui a une grande responsabilité dans la gestion des affaires du monde. Espérons qu’après avoir fermé la parenthèse de la campagne électorale, il retrouvera une posture plus adaptée à sa fonction. Mais là aussi, on ose à peine l’espérer…