45e édition du festival international du film du Caire | «Le pont» de Walid Mattar au CIFF du Caire : Une jeunesse à la dérive
De notre envoyée spéciale Neila Gharbi
Le second long métrage de Walid Mattar en première mondiale au Festival international du film du Caire, un film low cost qui ne manque pas d’humour certes, mais jette un regard désespérant sur une jeunesse qui n’a visiblement pas de repères… Hamzaoui signe une musique particulièrement significative.
Walid Mattar, cinéaste autodidacte, enfant de la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs, a présenté en première mondiale son second long métrage « Le pont» en compétition de la section Horizon arabe au 45e Ciff du Caire. Un film sur une jeunesse désœuvrée qui cherche à s’enrichir facilement.
Tarak dit Tita, rappeur, Foued, réalisateur, et Safa, instagrameuse, trois jeunes en quête d’argent se rencontrent sur le tournage d’un clip qui tourne à la dérision. Tita, rappeur inconnu, tourne un clip avec deux sous. Il négocie le cachet de l’actrice, une étudiante, qui se fait de l’argent en réalisant des live des bijoux qu’elle vend sur Instagram. Le réalisateur ami du rappeur loue une décapotable rouge pour les besoins du tournage.
Mais Tita essaie de jouer les stars et exige de tourner sur un yacht. Ce sera une barque de pêcheurs. Lors du tournage en mer, le trio tombe sur une grosse caisse flottant sous la felouque. Et c’est là que le récit prend une autre tournure. La découverte est énorme. Il s’agit d’un paquet bourré de stupéfiants jeté dans le large pour être repêché par d’éventuels dealers. Une découverte que les trois écervelés essaient de liquider à petites doses à des consommateurs dans une boîte de nuit où travaille Safa.
Au carrefour de la comédie et du drame, le film raconte avec justesse une histoire réaliste. Il ne faut pas s’attendre à un thriller sur le trafic de drogue, mais plutôt à un récit totalement déjanté et amusant. Le film s’intéresse surtout à l’aventure rocambolesque de ces trois jeunes crédules qui tentent de s’enrichir rapidement sans beaucoup d’effort.
Mais l’affaire tourne mal lorsque le frère de la femme de ménage de la boîte de nuit où travaille Safa les menace en voulant sa part du pactole.
Le choix du pont de Radès est assez significatif. Il sépare mais aussi relie la banlieue nord celle des fêtards et des boîtes de nuit à celle du sud d’une classe moyenne démunie où la jeunesse rêve d’une vie plus décente et moins contraignante. L’espoir s’évapore et les trois copains se séparent et repartent chacun à zéro.
Après «Chirch», son premier opus, Walid Mattar réalise un film low cost qui ne manque pas d’humour certes, mais jette un regard désespérant sur une jeunesse qui n’a visiblement pas de repères dans une société rongée par la corruption. Les plans du pont de Radès, la nuit, sont saisissants. Hamzaoui signe une musique significative qui prend une place importante dans la narration. Le casting est à la hauteur du propos. Seif Omrane, Mohamed Amine Hamzaoui et Sarra Hanachi réussissent avec un jeu naturel à former une bande de canailles formidable.
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