La 59ème édition du Festival International de Carthage (FIC) lève son rideau ce samedi soir 19 juillet, dans une ambiance marquée par la polémique. Pour la première fois, l’événement se tiendra sans directeur, une décision qui alimente les critiques autour de la programmation et de l’organisation, largement relayées dans les médias.
Une édition sans direction claire :
Dès l’annonce de la programmation, les réactions mitigées ont afflué : artistes, journalistes et internautes dénoncent des choix jugés en décalage avec les orientations stratégiques de ce rendez-vous national majeur, censé s’ouvrir sur le monde et promouvoir la diversité artistique.
La gestion du festival, confiée à un comité d’organisation dont les membres demeurent inconnus, suscite également des interrogations. Certains observateurs s’inquiètent de cette gestion opaque, une première dans l’histoire du FIC.
Des affiches retirées, un spectacle annulé, des soirées affichant complet alors que les billets circulent au marché noir… autant d’incidents qui entachent la réputation d’un festival créé en 1964 pour servir de plateforme aux artistes confirmés et émergents des quatre coins du monde.
Rappelons que le FIC se tient chaque année dans l’amphithéâtre romain de Carthage, au cœur du site archéologique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979. Il a vu le jour sur les Thermes d’Antonin avant d’être transféré à l’amphithéâtre voisin dès 1967.
Programmation contestée et priorités nationales négligées :
Le contenu de cette édition peine à convaincre le public fidèle. Nombreux estiment que la sélection ne répond ni aux attentes artistiques ni à la stratégie nationale, qui vise à faire du festival une vitrine des créations tunisiennes tout en restant ouverte à l’international.
Cette orientation a été plusieurs fois rappelée par le président Kaïs Saïed, qui voit dans le FIC un espace de créativité reconnu mondialement, servant la liberté d’expression et la défense des causes justes.
Le ministère des Affaires culturelles a toutefois maintenu son choix : organiser le festival sans président désigné, confiant les rênes à un comité. Un choix stratégique critiqué, accentuant les doutes sur la gestion du festival.
Cette 61ème édition propose 20 spectacles réunissant des artistes de Tunisie, Égypte, Liban, Émirats arabes unis, Palestine, France et Jamaïque. À noter : le festival avait été suspendu en 2020 et 2021 en raison de la pandémie.
Polémiques autour de certaines têtes d’affiche :
À peine les affiches publiées, deux d’entre elles ont été retirées et un spectacle annulé : celui du Palestinien Saint Levant, suivi par celui de la chanteuse française Hélène Ségara, accusée de positions hostiles à la cause palestinienne. L’artiste, interrogée par l’AFP, a toutefois démenti avoir été programmée cette année.
Ces décisions, mal expliquées par l’Établissement National pour la Promotion des Festivals, traduisent les hésitations d’une équipe de programmation sous pression.
La Palestine au cœur de la programmation :
La musique domine la programmation 2025, avec une large place accordée aux artistes arabes : huit Tunisiens et neuf autres venus de la région. Mais l’absence remarquée d’artistes africains, pourtant habitués de la scène de Carthage, et la présence réduite de spectacles internationaux (seulement trois soirées) suscitent des critiques.
La Palestine occupe cependant une place centrale : deux spectacles palestiniens sont au programme, avec le retour de Mohamed Assaf et la participation de Saint Levant. Des hommages à la cause palestinienne seront également rendus dans les productions tunisiennes, comme dans le spectacle d’ouverture signé Mohamed Garfi, ou encore ceux de Karim Thlibi et Riadh Fehri.
Problème récurrent : le marché noir des billets :
Le marché parallèle des billets, alimenté par la forte demande, suscite la colère des festivaliers et des appels à la régulation au Parlement. Une problématique déjà constatée dans d’autres festivals du pays.
Professionnels et public appellent aujourd’hui à une véritable refonte du Festival International de Carthage, afin de restaurer sa crédibilité et en faire, comme le veut la politique nationale, un vecteur majeur de la culture tunisienne et des arts au service de la souveraineté.
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